Véritables bijoux masculins, les colliers des ordres de chevalerie expriment une certaine splendeur. Celui-ci est particulièrement précieux : il a été réalisé à Paris en 1825 par le duo Armand Ouizille (1788-1878) et Guillaume Lemoine (1790-1871) et fut très certainement porté le lendemain du sacre de Charles X à Reims. Présenté dans son écrin en maroquin rouge aux armes de France, arborant un décor émaillé employant le rouge, le blanc et le vert, il est en tout point magnifique et dans un état superbe, qualités qui l’ont conduit logiquement vers une récompense de 102 467 €. L’ordre du Saint-Esprit est le plus illustre de ceux de la France royale, fondé par Henri III à l’hiver 1578 pour s’attacher l’élite de ses sujets dans un pays aux prises avec les affres de la guerre civile. Le roi vouait au Saint-Esprit une affection particulière en mémoire de son accession au trône en 1574, un jour de Pentecôte. Aboli le 30 juillet 1791 par la Constituante, l’ordre sera restauré par Louis XVIII, mais sans lustre véritable. La splendeur revient avec son frère et l’organisation d’une grande cérémonie le 30 mai 1825. C’est elle qui en marque la véritable renaissance. Néanmoins, des colliers manquent pour la réception des nouveaux chevaliers, et l’on fait appel à deux maisons d’orfèvrerie française pour la réalisation de quatre-vingts pièces : cinquante par Ouizille et Lemoine, trente par Jean-Charles Cahier (1772-1849). La chute de Charles X entraînera celle de l’ordre du Saint-Esprit. Chaque rare apparition de l’un de ses spécimens sur le marché est donc saluée comme il se doit : le 30 janvier dernier, le Crédit Municipal de Paris en vendait un similaire, salué de 113 256 €.