Après le quai Branly et avant le MoMA, le musée de l’Orangerie célèbre Félix Fénéon. Personnalité atypique de l’histoire de l’art, ce critique, collectionneur, éditeur et marchand a promu une vision engagée de la modernité.
Êtes-vous un anarchiste, Monsieur Fénéon ? demande le juge. Je suis un Bourguignon, né à Turin ! répond l’inculpé. Au cours du procès des Trente, qui s’ouvre le 6 août 1894, les réparties faussement naïves de Félix Fénéon amusent l’auditoire. Quelques jours plus tôt, une bombe au mercure, dissimulée dans un pot de fleurs, a explosé chez Foyot, un cossu restaurant parisien, à deux pas du Sénat. Fénéon, alors rédacteur au ministère de la Guerre, est accusé d’avoir pris part à l’attentat. Tout l’accable. Sa double vie n’a rien de secret pour « les services ». Fonctionnaire modèle le jour, il devient, le soir, une plume acérée et pamphlétaire, publiant sous pseudonyme dans la presse libertaire, du Père Peinard à L’Endehors . À ses affinités anarchistes s’ajoute la découverte, lors d’une perquisition dans son bureau, d’une fiole de mercure et six détonateurs. Ainsi, tel un pied de nez aux autorités, le terrorisme se cacherait au sein même des institutions de l’État. À l’instar d’une vingtaine d’anarchistes patentés, Fénéon comparaît devant la cour d’assises. Il lui faudra l’aplomb et le courage de ses 28 ans, l’efficacité de son avocat maître Demange, futur défenseur du capitaine…
com.dsi.gazette.Article : 11073
Cet article est réservé aux abonnés
Il vous reste 85% à lire.