Deux tableaux de Pietro Lorenzetti, sinon rien

Si Simone Martini, Pietro et Ambrogio Lorenzetti incarnent l’acmé de la peinture siennoise du XIV e   siècle, ils sont aussi de jeunes sujets d’étude qui réservent encore des surprises de taille et prouvent que l’histoire de l’art a encore de beaux jours devant elle. Dans son introduction au catalogue de l’exposition pionnière de Michel Laclotte à l’Orangerie, en 1956, «De Giotto à Bellini», André Chastel posait un constat dont la première phrase est en soi un tantinet amusante, puisqu’elle a été remise en question par Giovanni Previtalli dans la foulée  : «Avant 1800, les tableaux de “primitifs” n’ont guère d’histoire. Ouvrages d’églises, ils subsistent d’ordinaire in situ en s’entassant dans les sacristies, les chapelles secondaires, dans les greniers ou les dépôts, au fur et à mesure qu’on était amené à les remplacer conformément au goût moderne, et les fresques dormaient, nombreuses, sous le badigeon.» Au XIX e   siècle, à la suite d’Alexis-François Artaud de Montor, savant émérite et traducteur de Dante et du Tasse, une kyrielle d’amateurs français participèrent à la sauvegarde de ce patrimoine grâce à la réunion de cabinets de fonds d’or qu’ils sauvèrent de l’oubli, tels les frères Cacault, le cardinal Fesch, ou encore Alfred Ramé (1826-1886), figure connue depuis la dispersion d’une…