Poursuivant son exploration des apparences, des dessous aux souliers, le musée des Arts décoratifs propose une exposition anthologique retraçant l’évolution de la coiffure féminine et masculine dans ses styles et techniques, du XVe siècle à nos jours. Cette séduisante intention, réunissant quelque six cents œuvres, compositions et instruments sur deux étages, égrène en cinq thématiques les modes capillaires et leurs excentricités, les problématiques liées à la pilosité, les artifices postiches ainsi que les métiers qui en découlent. Mais, trop encyclopédique pour rester digeste, cette profusion de toiles et objets massés dans un parcours sinueux et exigu, ponctué de projections vidéo — dont le pouvoir attractif ralentit la visite —, étourdit. Aussi, nombre de chefs-d’œuvre tels Éléonore d’Autriche de Joos Van Cleve, le Portrait d’une femme de Rogier van der Weyden, Clément VII par Sebastiano del Piombo, Jean Rigaud par Paul-François Quinsac ou L’Origine du monde, de Gustave Courbet, se télescopent et s’affadissent, noyés dans un vaste cabinet de curiosités d’une clarté confuse. Dans un discours à la fois sociologique et esthétique voulant ostensiblement briser les tabous, les œuvres à touche-touche troquent leur sensualité, voire leur poésie, contre une fascination sexuée que caractérisent notamment les pièces contemporaines de Naro Pinosa – révélant les poils que masquent les atours. Comme survolés, codes et usages s’exhibent sans s’éclairer, passant du pudique voile de la Renaissance aux impressionnantes folies capillaires des Léonard pour Marie-Antoinette, des coquetteries barbues des princes aux glabres galants du XVIIIe. À l’avenant, accessoires et outillages, s’ils disent leur évolution, s’offrent tel un parfait showroom pour apprentis coiffeurs, où les savants tressages de Jean Paul Gaultier et d’Alexander McQueen n’ont plus rien à envier aux extravagances des merveilleuses. Qui trop embrasse…