Une arbalète saxonne richement ornée raconte l’épopée d’une arme de guerre devenue sport de loisir !
Au XVIe siècle, le tir à l’arc cesse d’être une pratique de guerre pour se faire sport d’agrément, l’arme à feu le remplaçant sur le champ de bataille. La première compétition relatée s’est tenue en 1583 en Angleterre, à Finsbury plus exactement, où elle compta 3 000 participants. Les cours européennes en raffolaient, et c’est de cette époque que vient l’expression «en plein dans le mille». On sait que les princes-électeurs de Saxe – également rois de Pologne – Frédéric Auguste Ier dit le Fort (1694-1733) et son fils, Frédéric Auguste II (1733-1763), organisaient régulièrement à Dresde des concours de tir de précision avec des aristocrates. L’étrier doré et les pompons verts – correspondant aux armoiries de l’État saxon – se retrouvant sur cet exemplaire d’arbalète légère de tir sur cible et d’apparat, dite «Wandschnepper», attestent de son origine. Le blason orné du taureau pouvant quant à lui évoquer la Pologne — car figurant sur les armes de grandes familles tels les Poniatowski — son premier propriétaire était peut-être un noble polonais à la cour de Saxe. Chose certaine, son décor incrusté d’os ou de bois de cervidé, poli et gravé au noir de fleurons, boucliers à mascarons, profils d’officiers casqués et autres trophées militaires, est d’un rare raffinement qui, sans hésitation ni tremblement, lui permettait d’atteindre 53 750 €.