À la recherche des couleurs et formes les plus novatrices, la collection Maurs s’est constituée autour d’artistes avant-gardistes, tels les Fauves et la génération 1900.
Galeriste talentueux, doublé d’un collectionneur aux choix infaillibles, Pierre Maurs a rassemblé un ensemble aussi varié que cohérent, faisant dialoguer de grandes œuvres de la première moitié du XXe siècle avec les arts asiatiques et premiers (voir l'article La fibre humaniste de Pierre Maurs, galeriste et collectionneur de la Gazette n° 22, page 16). Aussi, sa dispersion devait être couronnée de succès, avec un résultat total de 942 570 €… À la première place, recevant 218 240 €, a brillé l’œuvre de jeunesse d’Othon Friesz, son Port d’Anvers (60 x 81 cm) fixé en 1906, qui s’éclaire d’audacieuses touches roses et vertes. Rappelons que la toile a connu un parcours public des plus denses, du musée Galliera – pour une exposition monographique en 1959 – jusqu’au Los Angeles County Museum of Art, en 1990, lors du mémorable accrochage «The Fauve Landscape». Quant aux baigneuses du Jardin d’Éden de Friesz, œuvre de 1907 – soit une étude préparatoire pour Le Printemps, conservé au musée d’Art moderne de la Ville de Paris –, elles raflaient 62 000 € (huile sur papier marouflé sur toile, 79,5 x 98 cm). Pour le même tarif, on avait aussi un Vase de fleurs à contre-jour emblématique de la manière de Jean Fautrier vers 1930 (73 x 60,5 cm), et dont l’authenticité a été confirmée par Dominique Fautrier. Retour sur l’eau, et en beauté, avec les Péniches sur la Seine (60 x 73 cm) de Maurice de Vlaminck et de 1908. La toile signée, qui était accompagnée d’un avis d’inclusion dans le catalogue raisonné de l’œuvre de l’artiste par le Wildenstein Institute, a recueilli 189 720 €. Du côté de l’Orient, autre domaine apprécié par Pierre Maurs, on pouvait découvrir le fantastique album de trente peintures indiennes relatant les amours d’Amar Chattar et de Sundari Virda. Exécutées aux pigments polychromes et or sur papier, ces miniatures relèvent du style dit «Moghol provincial», et du premier quart du XVIIe siècle. Réunies sous une reliure européenne en maroquin (24 x 17 x 1 cm), elles ont été acquises pour 106 640 €.