Une toile peinte un jour de printemps a affirmé avec fluidité la vitalité aux enchères de ce maître de l’abstraction lyrique.
Rien de particulier ne s’est produit ce mercredi 15 mai en France, la journée étant plutôt calme puisque incluse dans le pont de l’Ascension, si ce n’est que Chu Teh-chun (1920-2014) a choisi ce jour-là de peindre cette toile, justement titrée Le 15 mai 1985. Avec la fluidité et la maîtrise du geste qui le caractérisent, le maître en pleine possession de son art a livré ce morceau de peinture porté à 829 400 €. Si l’on connaît sa tendresse pour l’hiver, qu’il a traduit en de nombreuses œuvres poétiques, c’est un jour de printemps qu’il choisit de révéler ici. L’abstraction que Chu Teh-chun développe a bien été apprise en Occident, mais il ne faut pas s’y tromper : ce sont dans les lointaines et monumentales montagnes de la Chine ancestrale qu’elle puise ses racines. Lui-même disait que «l’artiste absorbe ce qu’il voit dans la nature et il le traduit avec son esprit». Les toiles exécutées dans les années 1980 marquent un tournant décisif. En effet, ce n’est qu’en 1979 que le peintre a l’occasion de revoir son ancien professeur, Lin Fengmian (1900-1991), auquel le musée Cernuschi consacre une exposition. Ces retrouvailles vont marquer la reprise des relations avec ses confrères demeurés en Chine et aboutir à son voyage à Pékin en 1983, près de trente ans après en être parti, un jour du printemps encore ! de 1955. C’est en peintre ayant acquis une grande notoriété en Occident qu’il retrouve une Asie enfin prête à lui réserver le meilleur accueil. L’après-midi avait débuté sur un air de musique avec un ensemble d’instruments, dont un archet de violon d’Eugène Sartory (1871-1946) monté en ébène et argent voir page 80 de la Gazette no 23 du 14 juin (voir l'article Sartory, pour faire vibrer les sons). Une nouvelle fois, le travail des luthiers de Mirecourt était entendu, et ce bel objet indispensable au violoniste recevait 26 796 €.