Il aura fallu plus d’un demi-siècle pour que Paris ouvre ses cimaises à la prestigieuse collection Bührle. Conservé à ZUrich, ce fonds impressionniste unique souffre d’une histoire qui dialogue avec celle des spoliations. Qu’en est-il aujourd’hui ?
Toute l’avant-garde française est au rendez-vous, de Renoir à Degas, de Vuillard à Picasso. Les icônes de l’art moderne se succèdent : Le Gilet rouge de Cézanne , Le Champ de coquelicots près de Vétheuil de Monet, Le Nu couché de Modigliani, Le Semeur, soleil couchant de Van Gogh… Cette collection de 203 toiles réunies entre 1933 et 1957 par l’industriel Emil Bührle (1890-1956) a fait le tour du monde par fragments (Washington, Montréal, Londres, Yokohoma, Lausanne, etc.) sans jamais poser ses valises dans l’hexagone… avant 2017 et sa présentation à la fondation Van Gogh à Arles ! Pis, alors que le musée Maillol, géré désormais par Culturespaces, lui ouvre grand ses portes en ce mois de mars, plusieurs institutions parisiennes se sont montrées frileuses à l’idée de l’accueillir. Rassemblée dans les interstices des affres de l’Histoire moderne, la collection est la victime idéale des jugements à l’emporte-pièce. Sur le papier, l’histoire d’Emil Bührle sème le doute. Cet Allemand a fait carrière dans l’armement, et fait fortune à la fin des années 1930 avec le III e Reich. Formulé ainsi, le récit est croustillant, mais lacunaire. Envoyé par son beau-père à Zurich pour y développer l’usine de machines-outils d’Oerlikon,…
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