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Francis Picabia 1907 : nature et photographie

Publié le , par Anne Foster
Vente le 26 juin 2019 - 14:00 (CEST) - Salle 1 - Hôtel Drouot - 75009

Décidant de devenir peintre, Francis Picabia place ses pas dans la lignée des impressionnistes, notamment Sisley et Monet, dont il reprend les motifs tout en évoquant, dans ses titres, la fugacité de l’instant.

Francis Picabia (1879-1953), Les Châtaigniers à Munot, effet de soleil, 1907, huile... Francis Picabia 1907 : nature et photographie
Francis Picabia (1879-1953), Les Châtaigniers à Munot, effet de soleil, 1907, huile sur toile d’origine, 73 x 92 cm.
Estimation : 120 000/150 000 €

Le champ doré étincelle sous la chaleur de l’été, un paysan, coiffé d’un chapeau de paille, se penche pour sans doute arracher une mauvaise herbe ; au loin, une ligne de collines verdoyantes barre l’horizon. Ce ne sont que des éléments pour mettre en valeur le véritable sujet de cette peinture : les vénérables châtaigniers. Leurs somptueuses ramures au feuillage bruissant sous une légère brise se déploient dans toute la composition. Ces arbres ont donné le titre du tableau. L’auteur se nomme Francis Picabia. À l’époque peintre connu, il vend très bien des œuvres de style impressionniste. Pour souligner ce qu’il doit à ses illustres devanciers, il multiplie les mentions de l’heure du jour, de la saison ou suggère l’atmosphère du lieu en cette journée. Pierre Arnauld analyse ainsi cette formule : «Homme de procédés, Picabia l’est encore dans plusieurs œuvres montrant des châtaigniers, peintes au moyen d’une touche croisée serrée rappelant fortement Pissarro dans ses sujets rustiques, dont la confrontation révèle que leur composition se fonde sur des schémas à peine transformés, par symétrie axiale par exemple, et que leur facture obéit aux mêmes impératifs techniques, que le peintre peigne à Munot dans la Nièvre ou à Fontarabie dans les Pyrénées (Les Châtaigniers, 1907 ; Dans les collines, Fuenterrabía, effet de soleil.» Commencée en 1906, cette série consacrée à ces arbres a été très probablement réalisée d’après des cartes postales ou des photographies. Le futur dadaïste est tout à fait conscient d’imiter les impressionnistes, reprenant les mêmes thèmes, les mêmes points de vue. Picabia s’approprie ces sources, citant l’idée de Cézanne selon laquelle «en art, on est révolutionnaire ou plagiaire». Il lui faut cependant marquer sa différence. L’image figée que lui offre la photographie, ou la carte postale, lui permet de changer quelques éléments : l’arbre sera plus au milieu dans un tableau, le paysan moins au centre, la perspective légèrement changée. De diverses dimensions, les peintures poussent au maximum l’idée de série ; pour Picabia, seul son talent permet de s’inscrire parmi les plus grands. Ainsi que l’avait noté en 1897 Léon Roger-Milès pour des tableaux de Sisley : «Mais ce qu’il nous donne, ce sont des harmonies d’arbres dans la nature ; ce sont des éléments essentiellement variés où s’inscrivent les saisons et les heures, avec le chromatisme spécial de frondaisons.»
En février 
1905, il écrit pour le catalogue de l’exposition Picabia à la galerie Haussmann : «C’est l’observation constante qu’il a de la nature, qui lui permet de passer d’un effet à un autre, avec tant de bonheur.»

mercredi 26 juin 2019 - 14:00 (CEST) -
Salle 1 - Hôtel Drouot - 75009 Paris
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