Après une période de purgatoire, l’œuvre de Victor Vasarely (1908-1997), fondateur de l’art cinétique, revient en force sur le devant de la scène. En témoignent une rétrospective, visible jusqu’au 6 mai au Centre Pompidou (voir l'article Vasarely, ou l’art de l’utopie de la Gazette n° 5 page 140), et la réouverture après travaux de la fondation Vasarely à Aix-en-Provence. Arrivé à Paris, l’artiste autro-hongrois y retrouve les principes mis en avant par le Bauhaus lors de ses études à Budapest. Il s’y installe en 1930 et gagne sa vie chez Havas comme artiste graphique. Ce travail sur la ligne, la perspective et la matière sera déterminant pour ses premières recherches sur l’art et le mouvement, manifeste dans l’exposition de 1955 à la galerie Denise René, où il figure aux côtés de Marcel Duchamp, Alexander Calder, ainsi que de jeunes talents comme Agam et Soto. Ses œuvres sont alors en noir et blanc, basées sur des expériences photographiques. La décennie suivante voit l’explosion de la couleur, associée à un alphabet plastique. Tout comme Matisse, il utilise des feuilles de couleur, qu’il découpe pour former un répertoire de formes classées pour de futures combinaisons. «Mes unités plastiques, mes ronds, mes carrés, mes losanges multicolores, confie-t-il à Jean-Louis Ferrier (in Entretien avec Victor Vasarely, 1969), sont des étoiles, des atomes, des cellules, des molécules». Grand lecteur de traités scientifiques, le peintre conçoit un modèle vibratoire en harmonie avec les lois de la microphysique et de l’astrophysique, reflétant une représentation bidimensionnelle du volume par une grille spatiale déformée et le choix de peu de couleurs, ou de dégradés de l’une en particulier comme ici le violet. L’inflexion des lignes et les grilles d’unités visuelles autonomes créent des illusions d’optique. La magie de Vasarely est de parvenir, à travers ce programme bien défini, à une aura ornementale qui sera sa signature. De la pochette inspirée de CTA 25 Neg du disque Space Oddity (1969) de David Bowie aux pièces de design tel un jeu d’échecs de 1979 , en passant par les décors de télévision et de cinéma, son œuvre marquera la pop culture et l’environnement culturel de la France jusque dans les années 1980.
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