Marquet à travers la ville
À Paris, le peintre multiplie les vues plongeantes de Notre-Dame, des quais de Seine ou d’ailleurs, au gré de ses déménagements. En 1904, il fait escale avenue de Versailles.

Estimation : 350 000/400 000 €
Du 20 octobre 2004 au 23 janvier 2005, le musée Carnavalet présentait quelque 130 œuvres d’Albert Marquet, toutes techniques confondues, partagées en deux volets : l’un consacré à Paris, l’autre à l’Ile-de-France. La capitale y était nettement plus représentée, pour la simple et bonne raison que l’artiste y était arrivé – depuis Bordeaux – en 1890, et y avait fait son apprentissage dans l’effervescence de l’époque, entouré de ses amis Henri Matisse – rencontré dans l’atelier de Gustave Moreau –, Henri Manguin et Charles Camoin. Grand voyageur, des rives de la Méditerranée à la Scandinavie, Albert Marquet n’eut, semble-t-il, qu’un port d’attache : Paris. Du fauvisme, auquel il est associé à ses débuts, il garde la simplification des formes, des tons purs qu’il broyait lui-même et l’apparence d’improvisation. Une proximité qui ne l’empêche pas toutefois de garder son indépendance et de «peindre comme un enfant sans oublier Poussin», disait-il. En 1903, il suit ses parents dans leurs déménagements, avenue de Versailles et n’a qu’à regarder par les fenêtres. Les motifs sont là, entre la vue sur cette ex-route de Versailles ou de la Reine – ancienne section de la route nationale qui reliait la capitale à Bayonne – ou l’animation de la porte de Saint-Cloud, comme ils le seront, par tous les temps et à toutes les heures, quai des Grands-Augustins en 1905, place Dauphine l’année suivante, quai des Tournelles ou quai du Louvre. Du haut de son appartement, il livre ici une perspective audacieuse et le spectacle de la rue. À l’abri des curieux, il n’en observe que mieux les autobus qui passent, les piétons qui filent au pied des immeubles, silhouettes pressées, les arbres qui témoignent de la saison, la lumière qui avoue l’heure à laquelle a été réalisé le tableau. En subtil observateur, il suspend le temps, mêle l’homme à la nature sans se préoccuper des détails. Ses tableaux sont calmes, et même s’il participe au coup d’éclat de la salle des fauves au Salon d’automne de 1905, il baisse le ton très rapidement, sans perdre de vue Camille Corot et Claude Monet à qui allaient ses préférences.