Le Douanier Rousseau se rêve en militaire
Comme un hommage espiègle, le peintre a reproduit la statue du général Daumesnil en lui donnant son propre visage.

Estimation : 20 000/30 000 €
Bien qu’Henri Rousseau n’ait eu que peu de relations avec la chose militaire, il était néanmoins patriote. Né à Laval, dans l’une des tours de fortification de la ville, il descendait de valeureux officiers par sa mère, qui souhaitait lui faire embrasser une carrière dans l’armée. Ce ne fut pas pour la Légion d’honneur, ni pour la croix de Saint-Louis – deux décorations dont avait été gratifié son arrière-grand-père –, qu’il s’engagea dans l’armée, mais bien pour échapper à une accusation de vol. En 1864, il signe ainsi pour sept ans dans le 51e régiment d’infanterie de ligne. Fasciné par le récit de ses camarades envoyés au Mexique par Napoléon III, afin de soutenir l’empereur Maximilien, il racontera plus tard à son ami Guillaume Apollinaire, qu’il trouva là-bas l’inspiration pour ses jungles. Il ne s’y rendit pourtant jamais, de même qu’il ne participa point à la guerre de 1870, ayant obtenu un congé illimité au titre de fils aîné, «soutien de veuve», suite au décès de son père. Ancien soldat de 2e classe, il était pourtant prêt à rempiler. Des années plus tard, lorsqu’il passait devant la statue du baron Daumesnil sculptée par Louis Rochet, érigée en l’honneur de ce général blessé à Wagram – et qui défendit vaillamment le château de Vincennes en 1814 –, il ne pouvait s’empêcher d’être ému. Il la reproduisit en bois, réduite à une quarantaine de centimètres, et remplaça le visage du héros par ses propres traits. En témoigne ce bronze, une fonte posthume d’après cet original.