L’art et la matière
Cette tapisserie est l’une des quatre tissées d’après un carton de Fernand Léger conçu en 1953.

Estimation : 80 000/120 000 €
Inutile de chercher de quel tableau de l’artiste elle est la traduction, il n’existe pas. Cette tapisserie a été conçue comme une composition murale, non comme la transposition en laine d’une œuvre peinte. La maquette, réalisée en 1953, fait suite au Projet pour une peinture murale exécuté sur toile (114 x 195 cm) par Fernand Léger l’année précédente. Là n’est pas le seul atout de cette tapisserie. Ce n’est qu’après la mort du peintre que l’œuvre est tissée en basse-lisse dans les ateliers Tabard à Aubusson. Six exemplaires sont prévus. Quatre seulement verront le jour entre 1961 et 1962 : l’un appartient au musée national Fernand-Léger, à Biot, un autre est réalisé à l’initiative de Nadia Khodossiévitch – ancienne assistante du peintre et son épouse depuis 1952 – et de Georges Bauquier (1910-1997) –peintre lui-même mais aussi collaborateur de l’artiste, et initiateur de l’édification du musée du Var, à partir de 1958. Une troisième tapisserie n’est pas localisée. Quant à la nôtre, elle était gardée de longue date dans un hôtel particulier de Neuilly, à l’abri du soleil, mais non des regards. Elle est, de ce fait, livrée en bon état de conservation. Rares sont les œuvres de ce format et surtout celles dont le motif s’adapte aussi parfaitement au support. Preuve, s’il en était besoin, que Léger, était passé maître dans l’art d’opposer «des courbes à des droites, des surfaces plates à des formes modelées, des tons locaux purs à des gris nuancés», comme il l’expliquait en 1923.
Notre composition jouira-t-elle de la faveur dont bénéficient les tapisseries de Mathieu Matégot, Jean Lurçat ou Le Corbusier ces dernières années ? Les amateurs de textiles devraient être sur les rangs, mais aussi ceux du mobilier de Charlotte Perriand, avec laquelle Léger entretenait une fructueuse proximité. Que le meilleur gagne…