Un bitong du XIXe siècle en zitan
Un objet de lettré en bois de zitan, voilà de quoi faire rêver de nombreux collectionneurs d’art chinois. Ce grand bitong présente de plus un rare décor de cérémonie taoïste.

Estimation : 30 000/50 000 €
On connaît le goût des collectionneurs d’art chinois pour tous les précieux objets de lettré. Aux côtés des pinceaux, de la pierre et du batonnet à encre ainsi que du papier, le pot à pinceaux, nommé «bitong», figure en bonne place. Existant depuis la dynastie Song (907-1279) – sous laquelle s’épanouissent les arts des lettrés, associant peinture, calligraphie et poésie –, cet objet a été décliné par les artistes en différents matériaux : porcelaine, ivoire, bambou ou encore bois rares, tel le zitan. Appelée également santal pourpre, ou Pterocarpus santalinus de son nom latin, cette essence tropicale serait originaire d’Asie du Sud-Est et du sud de l’Inde. Une légende veut que le grand amiral Zheng He en ait rapporté d’Afrique au début de l’époque Ming… De par sa provenance lointaine, sa surface au lustre brillant et l’étonnante odeur qu’il dégage quand on le coupe, ce bois, dont la couleur rouge tend vers le noir en vieillissant, a été la source de nombreuses convoitises. Plusieurs espèces de zitan ont été découvertes au fil des siècles dans différents lieux, qui ont pu remplacer celle d’origine, largement épuisée durant le règne de Qianlong. Il faut dire que sa texture dure et dense permet une sculpture parfaitement ciselée, d’une perfection digne des plus grands personnages de la cour et des plus éminents lettrés. En léger relief, le décor de cet exemplaire est d’ailleurs du plus grand intérêt. Il décrit une cérémonie taoïste, s’enroulant sur toute la surface de la pièce. Le dieu de la longévité Shoulao, les dieux tao et le daim y sont représentés sur une terrasse arborée de bambous, d’un pin de longévité, d’érables et d’un buisson de citrons digités, ou «mains de Bouddha», symbole de bonne fortune. On peut encore apercevoir un pavillon surmontant une mer de paradis animée de vagues écumantes, la partie supérieure étant ornée de nuages en forme de ruyi. Une telle richesse ornementale est source d’inspiration pour son propriétaire.