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Lot n° 10

Auguste RODIN (Paris 1840 - Meudon 1917)

Résultat :
Non Communiqué
Estimation :
Réservé aux abonnés

Femme drapée, assise (Psyché), vers 1904 Graphite, estompe et aquarelle sur papier vélin filigrané C.F. (Catel et Farcy) 32,6 x 24,1 cm Dédicacé et signé en bas à droite Hommage à Madame Berte Elisseieff A. Rodin Un certificat d'inclusion au catalogue raisonné en préparation par Madame Christina Buley-Uribe sera remis à l'acquéreur. Cette œuvre sera incluse au Catalogue raisonné des dessins et peintures d'Auguste Rodin (1840-1917) au numéro 220601. Provenance: Ancienne collection Barbe Elisseieff Vente Ader-Picard-Tajan, le 12 décembre 1990, Nouveau Drouot, Paris, n° 42 sous le titre "Modèle assis" (reproduit) Biennale des Antiquaires 1996 Galerie Aittouarès Collection privée " Ces deux aquarelles très abouties furent exécutées vers 1900, au moment où le dessin prit une place prépondérante dans les pratiques artistiques de Rodin. Rebelle aux conventions d’atelier, le sculpteur invitait ses modèles à s’exhiber de manière instinctive plutôt qu’à « poser » devant lui, obtenant ainsi un répertoire d’attitudes spontanées plutôt que contraintes. À cette liberté des poses s’ajouta la méthode révolutionnaire de Rodin, qui ne quittait pas des yeux ses modèles pendant que sa main dessinait indépendamment sur sa feuille : « Depuis que je m’y suis mis (disait-il) j’ai l’impression de savoir dessiner… Et je sais pourquoi mes dessins ont cette intensité : c’est que je n’interviens pas. Entre la nature et le papier j’ai supprimé le talent. Je ne raisonne pas, je me laisse faire ». Rodin réalisait un premier croquis « à l’aveugle », qu’il décalquait ensuite, afin de préserver les qualités initiales de son croquis, puis ajoutait l’aquarelle. Deux étapes étaient donc nécessaires à l’élaboration de ses dessins : le croquis à l’aveugle d’après modèle vivant, puis le dessin de synthèse. Ici, notre dessin de Femme drapée, assise (Psyché) (fig. 2) est issu d’une première esquisse au graphite conservée au musée Rodin, le D. 03007 (fig. 1). Dans notre version aquarellée, le dessin est le résultat d’une recherche d’une ligne unique, simplifiée, synthétisée, que l’artiste a ensuite repris librement au crayon gras, à l’estompe et au lavis d’aquarelle. Ce motif intéressa tant Rodin, qu’il en exécuta au moins trois autres versions, toutes conservées au musée Rodin : D. 04623 (fig. 3), D. 04809 (fig. 4) et le D. 04207 (fig. 5). L’ensemble appartient à la série des « Psychés » de Rodin inspirées du conte d’Apulée. Femme drapée et assise (fig. 3 - D. 04623) est la plus proche de notre dessin. Les deux figures ont une coiffure très semblable, la chevelure étant relevée en chignon, ce qui donne un effet gonflé sur les côtés (il ne s’agit sans doute pas d’un chapeau). On sait que le D. 04623 a été reproduit par Henri Boutet à l’eau forte en 1904, chez H. Floury, ce qui permet de dater les autres dessins de la série dont le notre, donné plus tard à Barbe Elisseieff. Notre « Psyché » est sans doute la version la plus travaillée du groupe. Rodin rencontra Varvara (Barbara, Barbe ou Berthe) Elisseieff (1861- 1932) entre 1900 et 1905. Elle était la femme du banquier et homme d’affaires russe Étienne (Stepan) de Elisseieff, l’un des frères qui possédaient notamment l’épicerie de la perspective Nevski abritée dans un somptueux bâtiment que mentionne Tolstoï dans Anna Karénine. La société des Frères Elisseieff était présente à l’Exposition universelle à Paris en 1900. En 1905, le couple acheta plusieurs marbres à l’artiste pour décorer leur palais de Saint Pétersbourg (aujoud’hui le Taleon Imperial Hotel) et passa commande, l’année suivante, du buste de Barbe (c’est ainsi que Varvara signait ses lettres à Rodin). Le sculpteur et le modèle se lièrent d’amitié et échangèrent livres et photographies. Par deux fois, Rodin lui envoya des dessins. Leur correspondance est aujourd’hui conservée au musée Rodin mais elle ne permet pas de déterminer le nombre précis de dessins offerts. Femme assise (Psyché) faisait sans aucun doute partie des œuvres données à cette époque. Dans une de ses lettres, datée du 4 novembre 1906, elle lui écrit : «Très honoré maître ! Cette semaine je vous ai envoyé plusieurs livres de différents auteurs russes (...) pour moi, de grande valeur. Vos précieux dessins me feront grand plaisir, je vous en remercie d’avance. » Un autre dessin contemporain représentant une Danseuse cambodgienne (1906) dédicacé à Berthe Elisseieff est aujourd’hui conservé au musée Rodin. Il faisait partie de la donation des œuvres de Rodin à l’État en 1916. Il pourrait s’agir dans les deux cas de dessins prévus à l’origine pour elle, mais que Rodin, pour une raison inconnue, ne lui envoya pas. J’ai identifié encore deux autres dessins en mains privées, ce qui ferait un total de 5 dessins, ce qui est très important pour Rodin qui donnait pourtant ses dessins avec parcimonie. Il semble qu’ils furent dispersés après 1917 en pleine révolution russe. J

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