HAUSWIRTH, JOHANN-JAKOB: Dorfidylle. Lot n° 8

HAUSWIRTH, JOHANN-JAKOB (Saanen 1809 - 1871 L'Etivaz) : idylle villageoise ; découpage et collage ; 21,5x32,5 cm (LM) Support minimalement bruni et avec des galeries de vers ainsi que retouché par endroits. Johann-Jakob Hauswirth est l'un des principaux représentants du découpage populaire, une forme d'artisanat d'art très appréciée au 19e siècle. On ne connaît que peu de détails sur la vie de Hauswirth. Né à Saanen, il a séjourné toute sa vie dans la région frontalière entre l'Oberland bernois et le Pays d'Enhaut vaudois, où il a travaillé comme valet de ferme payé à la journée dans des fermes ainsi que comme bûcheron et charbonnier. Il a passé le dernier tiers de sa vie en ermite dans une cabane qu'il avait construite lui-même dans les gorges sauvages de l'Etivaz. Son allure de géant et sa démarche particulière ont fait de lui une figure légendaire de son vivant. Ce n'est qu'à la trentaine passée que cet autodidacte a réalisé ses premiers découpages. Les mains de Hauswirth ressemblaient à des pattes, si bien qu'il se voyait contraint de compléter ses ciseaux par des anneaux en fil de fer supplémentaires afin de pouvoir les manier. La qualité filigrane de ses travaux, qui ont évolué du pliage noir et blanc au pliage et au collage multicolores, est d'autant plus surprenante. La première composition en couleur connue date de 1847. A partir des années 1850, Hauswirth se déplaça de ferme en ferme et tenta ainsi d'écouler ses découpages, le plus souvent contre un faible salaire ou en échange de nourriture. Sur le plan thématique, ses compositions étaient consacrées à la vie quotidienne des paysans ainsi qu'aux montées à l'alpage et aux fêtes de village. Dans les dernières années de sa carrière, les arrangements floraux luxuriants se sont ajoutés à ses sujets principaux. Les petits découpages non encadrés représentant des cavaliers, des couples ou des bouquets de fleurs étaient très recherchés par les paysans comme marque-pages ou bibles domestiques. Pour les compositions plus grandes, le Bernois a développé sa propre technique de collage en superposant plusieurs couches de silhouettes et en utilisant des vieux papiers colorés mis au rebut. Ses montées à l'alpage, composées de manière complexe et détaillée, suivent une structure d'image récurrente avec une ferme placée en bas de l'image, d'où le cortège de bétail et d'hommes se déplace vers un chalet d'alpage souvent équipé d'ustensiles pour la fabrication du fromage. Les découpages de Hauswirth sont presque toujours signés et datés et présentent souvent en plus ou comme variante de signature le Berner Mutz sur un écusson. Inconscient de sa propre importance artistique, Hauswirth est mort isolé et méconnu. C'est le peintre, dessinateur, pédagogue et ethnologue Théodore Delachaux, qui a passé quelque temps au Pays d'Enhaut au début du 20e siècle, qui l'a fait découvrir plus tard. Lui et son frère Constant Delachaux, médecin et cofondateur de l'hôtel de cure construit en 1907 à Château-d'Oex, furent les premiers à acquérir systématiquement les silhouettes de Hauswirth auprès des propriétaires locaux et à les rassembler dans leur propre collection.