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Lot n° 20

Attribué à Jan MASSYS Anvers, 1509 - 1575 Joueur...

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Attribué à Jan MASSYS Anvers, 1509 - 1575 Joueur de cornemuse assoiffé Huile et tempera sur toile (Restaurations) Thirsty Bagpiper, oil and tempera on canvas, attr. to J. Massys 58 x 44,50 cm (22,83 x 17,52 in.) Provenance : Vente anonyme ; Vienne, Dorotheum, 18 décembre 2017, n° 37 (comme "Manner of Quinten Massys") ; Collection particulière, Europe Commentaire : De sa large main, ce joueur de cornemuse - assoiffé après avoir donné du souffle - s'est saisi d'un pichet de bière afin de se rafraîchir la gorge. Son instrument se repose lui aussi, poche et bourdons étendus sur l'épaule de leur propriétaire. La main droite ouverte et les yeux tournés vers un interlocuteur invisible, cet homme massif aux traits marqués déborde par l'intensité de son expression très largement du cadre de la toile sur laquelle il est représenté. Par la puissance avec laquelle il a illustré un sujet en apparence léger - un musicien se désaltérant - et le caractère saisissant de cette image, le peintre nous entraine ici bien plus loin que nous ne l'aurions pensé. Mettons-nous à notre tour à l'écoute de ce joueur de cornemuse et entrons dans le dialogue auquel nous invitent sa bonhomie, son geste et la sincérité de son regard. Peint dans la première moitié du XVIe siècle, cet homme nous parle de sujets qui habitent toujours nos esprits contemporains : boisson et musique ne sont-elles pas encore aujourd'hui bien souvent les compagnes de nos émotions tristes ou joyeuses et des événements grands et petits qui ponctuent nos vies ? Chez les penseurs et écrivains du XVIe siècle, l'ivresse est abondamment commentée et questionnée, sur sa nature (amoureuse, intellectuelle, spirituelle ou plus prosaïquement liée à la consommation d'alcool), ses bénéfices et ses méfaits, la folie qu'elle engendre (pour Erasme, la Folie est en effet fille de l'ivresse et de l'ignorance1), et l'on combat pour savoir si la liberté qu'elle procure est à rechercher ou à condamner. Les artistes se font naturellement les illustrateurs des pensées et des préoccupations de leur temps et c'est ainsi que l'on retrouve ce thème de l'ivresse et de la boisson largement répandu dans la peinture. " A la trogne connait-on l'ivrogne2 ", dit le proverbe, et dès la fin du XVe siècle se répandent les images de buveurs excessifs avec des caractéristiques physiques proches de celles de notre homme : nez et joues épais, yeux rougis, embonpoint3… Avec la Renaissance vont venir s'ajouter les recherches humanistes, creusant la question de l'Homme et de ses caractères. Dans les arts vont également naître la caricature et les grotesques, reflétant et exagérant dans les traits des visages ces diverses caractéristiques humaines dans un discours parfois humoristique, souvent moralisant. L'un de ses principaux représentants n'est autre que Léonard de Vinci qui influença de nombreux artistes, dont Quentin Massys, inventeur de la composition que nous présentons. Nous pouvons ainsi comparer le visage de notre buveur, et notamment ses yeux soulignés de profondes cernes et surmontés de robustes arcades et d'un front ridé, avec celui d'une figure du grand maître italien présente en bas à droite d'une feuille de grotesques dont une copie est conservée dans les collections du British Museum à Londres (fig. 1). Plusieurs figures de Quentin Massys peuvent ainsi être reliées à des grotesques de Léonard, telles que la célèbre " Ugly Duchess " de la National Gallery de Londres, et le 'Vieil homme de profil' du musée Jacquemart-André. Isolant ainsi des personnages caricaturaux pour en faire les sujets de tableaux autonomes, et non les protagonistes de plus vastes compositions, Massys apporta une contribution majeure à la scène de genre nordique4, support de l'étude de mœurs et de la satire sociale, ouvrant la porte à ses successeurs des générations suivantes comme Pieter Brueghel. D'autres personnages caricaturaux isolés sont notables dans l'œuvre de Quentin Massys, comme la 'Vieille femme5', ou le 'Fou à la cuillère' vendu à Londres en juillet 20216. Un autre exemplaire du Joueur de cornemuse, peint sur papier et de dimensions plus modestes que le nôtre (fig. 2), est quant à lui conservé dans les collections de l'université de Yale7. Le statut de l'huile sur toile que nous présentons par rapport à cette version sur papier existante de la même composition a fait l'objet de recherches approfondies. Un exemple existe chez Quentin Massys dont deux versions du 'Vieil homme de profil' sont répertoriées, l'une au musée Jacquemart-André et la seconde dans une collection privée new-yorkaise. Les grands maîtres étaient souvent entourés de collaborateurs et d'élèves auxquels ils déléguaient certaines de leurs commandes et la très grande qualité d'exécution du Joueur de cornemuse proposé ici laisse à penser que, s'il n'est peut-être pas de la main de Quentin Massys lui-même, il revient très certainement à l'un de ses plus pr

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