CASSONE EN MARQUETERIE à décor hagiographique Italie... Lot 30

CASSONE EN MARQUETERIE à décor hagiographique Italie du Nord, XVIe siècle Noyer ; marqueterie de bois fruitiers H. 56 cm, L. 171 cm, P. 65 cm Ce cassone, qui repose sur une plinthe moulurée, est entièrement décoré en marqueterie de bois fruitiers. Il présente un riche décor d'arabesques sur ses montants et des motifs géométriques sur les côtés. Sur la face principale, les panneaux forment deux triptyques avec une scène hagiographiques entre deux volets ornementaux. Ils figurent, à gauche, la Conversion de saint Paul ; à droite, la Rencontre avec le cerf crucifère. Dans un paysage, un cavalier est précipité de sa monture. Il s'agit de Saül, qui prendra ensuite par humilité le nom de Paul (en latin, Paulus signifie «petit»). Cet épisode biblique, évoqué par Paul dans ses Épîtres (1 Co 15, 3-11 ; Ga 1, 11-17), est précisément relaté dans les Actes des Apôtres (Ac. 9, 1-30 ; 22, 6-11 ; 26, 13-18). Paul, considéré comme le fondateur de l'Église universelle, est souvent qualifié d'apôtre bien qu'il n'ait pas connu le Christ. Né à Tarse, vers l'an 10, dans une famille juive, naturalisé citoyen romain, il a participé aux persécutions contre les chrétiens et notamment à la lapidation d'Étienne, le protomartyr. Un jour, sur le chemin de Damas, il eut une vision : «une lumière qui venait du ciel resplendit autour de lui. Il tomba par terre et entendit une voix lui dire : «Saül, Saül, pourquoi me persécutes-tu ?» (Ac. 9, 3-4). Cette rencontre avec Dieu fut décisive. Converti au christianisme, il se fit baptiser dès son retour à Damas et devint le missionnaire le plus zélé du Christ. L'histoire légendaire de saint Eustache est celle d'un soldat romain, Placide, amoureux de la chasse. Un jour qu'il poursuivait un cerf, il vit un crucifix apparaître entre ses bois et lui parler par l'intermédiaire de l'animal : «Je suis Jésus que tu honores sans le savoir». Rentré chez lui, il se fit baptiser avec toute sa famille et prit le nom d'Eustache. Cette scène de la rencontre avec le cerf crucifère est passée dans la légende de saint Hubert, avec lequel on le confond parfois. Hubert, premier évêque de Liège, aimait tellement chasser qu'il ne put se retenir d'y aller un Vendredi Saint. Il rencontra alors un cerf extraordinaire entre les bois duquel brille un crucifix. Aveuglé comme saint Paul sur la route de Damas, il tomba de cheval et entendit une voix lui dire : «Hubert, Hubert, pourquoi me poursuis-tu ? Jusqu'à quand la passion de la chasse te fera-t-elle oublier ton Salut ?». Il réforma sa vie et devint un puissant missionnaire de Dieu en accomplissant de nombreux miracles. Le culte de saint Hubert s'est développé tardivement, au XVe siècle, essentiellement en Europe du Nord. Comme saint Eustache, il est le patron des chasseurs. La conversion de l'un et la vision de l'autre font toutes deux écho à l'histoire de Paul. Les fonds paysagers des tableaux de marqueterie ouvrent la façade du coffre en profondeur comme une fenêtre sur le monde, à l'instar des perspectives urbaines réalisées en incrustations sur une série de coffres provenant d'illustres maisons ; l'un aux armes des Medici-Strozzi (Musée des Arts décoratifs de Berlin), un autre issu de la collection Contini Bonacossi (Florence, Galerie des Offices) ou encore de la collection Barsanti (fig. 1). Le naturalisme des scènes représentées sur notre cassone rappelle cependant davantage les grands décors des cabinets d'étude des princes de la Renaissance. On pense en particulier au paysage sous arcade dans le studiolo du Duc Federico da Montefeltro (fig. 2).