*La Charmille, 1901
Huile sur carton marouflé sur panneau parqueté
Signée du cachet de la signature [Lugt 3886] en bas à gauche
Oil on cardboard laid on cradled panel, stamped with the artist's signature [Lugt 3886] lower left 27,8 x 36,2 cm - 18 x 21 1/8 in.
PROVENANCE Wildenstein & Co., New York
Arthur Tooth & Sons, Londres
Collection particulière, Suisse
Vente, Sotheby's, Londres, 30 mars 1988, lot 109
Collection particulière, Israël (acquis au cours de la vente précédente)
Vente, Sotheby's, New York, 13 novembre 1996, lot 169
Collection Georges Bemberg, France (acquis au cours de la vente précédente)
Vente, Sotheby's, Londres, 25 juin 2015, lot 548
Collection particulière, États-Unis (acquis auprès de la vente précédente)
BIBLIOGRAPHIE Jean et Henry Dauberville, Bonnard, Catalogue raisonné de l'oeuvre peint révisé et augmenté,
Tome 1 (1888-1905), Paris : 1992, n°263, p. 257 (reproduit en noir et blanc)
Bernard Mérigaud, «Un art à part sans prise aux courants», in Télérama hors-série, Pierre
Bonnard au Musée d'Orsay, mars 2015, pp. 24-25 (reproduit en couleurs)
EXPOSITIONS Singapour, Singapore Art Museum, The Origins of Modern Art in France 1880-1939, 1998, n°9 (reproduit dans le catalogue)
Madrid, Centro Cultural del Conde Duque,
Una mirada sobre Pierre Bonnard, 2001, n°14 (reproduit dans le catalogue)
PIERRE BONNARD La Charmille
Surnommé par Félix Fénéon «le Nabi très japonard», Pierre Bonnard vit comme une véritable révélation la célèbre Exposition de la gravure japonaise organisée par Siegfried
Bing à l'École des Beaux-Arts de Paris en 1890.
Aussitôt, il se met à acquérir les estampes japonaises qui deviendront, avec la photographie qu'il pratique avec passion, une source d'inspiration capitale pour ses tableaux et notamment pour La Charmille qu'il peint en 1901. Derrière un écran de verdure, la charmille qui donne son nom au tableau et qui n'est pas sans faire écho à La Cueillette peinte simultanément par Édouard Vuillard, Bonnard livre à notre curiosité deux figures féminines qui se font face. Il s'agit probablement de membres de la famille du peintre, surpris à converser dans un jardin bordé sur sa droite par une allée gravillonnée. Ces silhouettes, que l'on devine à peine, sont vêtues d'une même longue robe gris perle ceinturée à la taille à la manière d'un kimono privé de tout volume tandis qu'elles-mêmes semblent flotter dans un espace affranchi des contraintes traditionnelles de la perspective centrale. L'absence de profondeur conférée au champ pictural, à la manière d'un petit monde se suffisant à lui-même, et le rejet de la plasticité des corps ne sont pas les seules caractéristiques de la Charmille à mettre au crédit du japonisme de Bonnard. Il y a aussi la hardiesse de sa palette. Un camaïeu de vert, qui tire sa luminosité d'ajouts d'ocre et de blanc, et lui permet «d'exprimer toutes choses sans besoin de relief ou de modelé». Le peintre ajoute : «Il m'apparut qu'il était possible de traduire lumière, formes et caractère rien qu'avec la couleur, sans faire appel aux valeurs.» Autant d'éléments qui font de La Charmille le point d'orgue de la partition japoniste composée par Bonnard dès la Partie de croquet de 1892 (musée d'Orsay) et qui ne manquèrent pas de retenir l'attention de l'un de ses augustes propriétaires, Georges Bemberg, le plus grand collectionneur d'oeuvres de Bonnard de son temps.
«Bonnard est pour moi un peintre qui a créé une oeuvre à laquelle il faut sans cesse revenir.
Il a eu une grande importance dans mon travail et je suis souvent amené à regarder à nouveau ses peintures quand je réfléchis à ce que je vais faire. L'exposition de la Tate, en 1998, m'a donné l'occasion, ainsi qu'à Chris
Ofili, de voir et revoir son oeuvre, puisque nous y sommes allés plusieurs fois. J'ai été très impressionné par ce que dégageaient les tableaux - à leur insu d'ailleurs : quelque chose d'ouvert, d'inachevé. Lors de notre précédent entretien, à Düsseldorf, j'ai parlé de peinture non spectaculaire, voulant dire que ses sujets semblent banals, ou plutôt qu'ils ont quelque chose d'intime, qui concerne le peintre et son univers ; cependant, pour une bonne part, c'est ce qui fait la force de son oeuvre. J'ai d'ailleurs été surpris de voir combien celle-ci touchait les jeunes artistes. Elle a un côté sombre qui m'est apparu clairement en visitant l'exposition, une mélancolie poignante qui s'amplifie à mesure qu'on la regarde. Je suis retourné voir l'exposition avec d'autres artistes, des étudiants surtout. La peinture que l'on voit de nos jours affiche
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