Juste après le décès de Kees Van Dongen le 29 janvier 1968 , la galerie parisienne Jean-Claude Bellier organisait une exposition sur le thème de «La femme». Cette encre double face, présentant au recto le Portrait de Youki et au verso celui de Foujita, y était accrochée. Elle devait déjà retenir les regards tant elle accroche la lumière, témoignant du talent du peintre à capter et à restituer l’essentiel en quelques coups de pinceaux légers. L’œuvre a sans doute été réalisée dans la seconde partie des années 1920, lorsque Foujita, séduit par Lucie Badoud (1903-1964), qui avait posé pour lui, l’épouse après lui avoir donné un surnom qui colle à merveille à sa peau laiteuse, youki signifiant «neige rose» en japonais. Le couple se séparera en 1931 et la belle deviendra la muse de Robert Desnos, qui la baptisera «la Sirène». Cette feuille, racontant un petit morceau de la belle histoire du Montparnasse artistique des Années folles, se trouvait dans la collection Renand-Chapet et en illuminait, à 65 000 €, la seconde dispersion de l’année (voir Gazette no 39, page 80), conclue sur un produit de 615 450 €. Au décès de Georges Renand (1879-1968), dont on ne dira jamais assez le goût érudit pour l’art, sa fille Jeannine Chapet a pris le relais et, accompagnée de son époux, a ouvert la collection à l’art abstrait. Une Petite poule en bronze de César (1921-1998) et une Abstraction sur fond bleu d’Auguste Herbin (1882-1960) le rappelaient à respectivement 18 850 et 16 900 €.