Avec cette robe d’un rouge flamboyant, Madeleine Vionnet fait montre une nouvelle fois de sa grande modernité dans le dessin d’une silhouette.
«Puriste de la mode», ainsi que le musée des Arts décoratifs la définissait lors de la rétrospective qu’il lui consacrait en 2009-2010, Madeleine Vionnet est l’une des figures phares de la haute couture de l’entre-deux-guerres. Avec sa parfaite maîtrise de la coupe en biais et de l’art du drapé, elle a permis une véritable transformation de la silhouette et plus loin encore, une émancipation du corps féminin. Il faut dire que, jeune apprentie arrivée en 1906 chez Jacques Doucet pour dépoussiérer le style, elle ne s’est pas fait prier, demandant même aux mannequins de défiler pieds nus et seins en liberté sous des robes souples. Fini le corset et la rigueur… C’en est trop, elle quitte la respectable maison et fonde la sienne en 1912 au 222, rue de Rivoli. La guerre y met un coup d’arrêt temporaire mais, dès 1918, elle la relance, plus créative et avant-gardiste que jamais, faisant appel au peintre-décorateur Georges de Feure pour son nouvel hôtel particulier de l’avenue Montaigne. De ce lieu, elle va faire un temple de la mode, ancré dans son temps et ouvert à une clientèle internationale. C’est une femme moderne, engagée dans les droits sociaux qui plonge avec délice dans l’époque art déco, un cadre qui lui convient comme un gant. Madeleine Vionnet est une technicienne hors pair, douée d’un sens inné de la structure du vêtement et d’une parfaite connaissance des textiles. Elle dessine, découpe, fluidifie, accueille la souplesse, engage le mouvement. Comme beaucoup de créateurs de cette période, elle est fascinée par la Grèce antique, dont elle admire les drapés libres. C’est ce qu’elle va s’attacher à réinventer. Elle y parvient en toute liberté, et cette robe longue en crêpe d’un rouge flamboyant, datant des années 1930, en offre une merveilleuse interprétation. Un modèle qui est monté sur le podium et y a été acclamé à 108 800 €.