«C’est le plan de Paris même, qui a eu de l’influence sur moi ; tout le mystère de cette ville qui est en profondeur, en hauteur, depuis la tour Eiffel jusqu’à la profondeur des égoûts», a un jour confié Maria Elena Vieira da Silva. On l’imagine sans peine, à observer cette Éclaircie déclinant les grisés des toits de la capitale et les beiges de ses façades. Le chaos n’est qu’apparent, ordonné même. Dans ses méandres disciplinés par des verticales et des horizontales, constituant autant d’artères, bat le cœur de cet univers urbain. Tantôt lentes, tantôt longues, ses pulsations créent le rythme de la toile et permettent aux yeux de jouer avec le temps… Le monde tout en subtilité de Vieira da Silva n’était pas le seul à séduire. À l’opposé, l’énergie de Jean-Paul Riopelle peignant Vérone, seulement deux ans plus tard, en 1962, fut elle aussi saluée. 198 200 € étaient en effet requis pour cette mosaïque, emblématique d’un style qui a fait son succès, aussi sauvage que les forêts profondes et les grands lacs de son Québec natal (voir Gazette n° 17, page 79). La matérialité de la composition aux couleurs de l’humus, barrée de traces aux tons de craie, pour évoquer le monde ambivalent d’un Nicolas de Staël tiraillé entre violence et fragilité, était également appréciée à hauteur de 185 800 €. D’autres artistes habitués de la maison de ventes s’appuyaient sur la chaleur de leur gamme chromatique pour s’exprimer. Avec Los Angeles, un acrylique peint en 1975-1976 par Sam Francis, un véritable feu d’artifice était tiré, pour 66 300 €. Plus sobre, non moins puissante, l’abstraction à la gouache de Serge Poliakoff, datant de 1968, jouait de la dichotomie rouge/noir moyennant 59 800 €. Toute la palette d’Arman était en revanche conviée dans Les Ciels, négociés à 41 600 € ; ses tubes de peintures, traçant chacun une coulée, étaient fixés à tout jamais sous résine en 1967.