Avec ces carrés semblant s’envoler à mesure que s’allège l’intensité de leur teinte bleue, créant un mouvement ascendant de la gauche vers la droite de ce panneau qu’ils semblent prêts à quitter, Victor Vasarely illustre la cinétique telle qu’il l’a définie dans le Manifeste jaune, publié en 1955 : «La forme ne peut exister qu’une fois signalée par une qualité colorée. La couleur n’est qualifiée qu’une fois délimitée en forme.» Il suffit donc de deux «formes-couleurs» contrastées pour créer une «unité plastique» servant de base à toute création. La plus simple est le carré dans un plan bidimensionnel. L’affaire se complique si l’on considère que ce dernier, grâce au mouvement qu’il permet, devient un espace à quatre dimensions. À charge de l’artiste d’animer la géométrie pour en faire une œuvre plastique. Dans une volonté de diffusion démocratique de l’art, le principe peut être multiplié à l’infini et décliné, du tableau jusqu’à l’échelle urbaine. Cette dispersion d’art contemporain réussissait également à Baya Mahieddine, dont L’Âne bleu, réalisé à la gouache et à l’aquarelle vers 1950, obtenait 88 400 € (100 x 150 cm). André Lanskoy suivait de près, à 71 500 €, avec son Méli-Mélo endiablé de 1964 (81 x 65 cm). L’acrylique de Takashi Murakami, Enso : The Map to Freedom, restait cependant aux cimaises (voir l'article Murakami dans un cercle de la Gazette n° 16, page 76).