L’Afrique s’imagine le plus souvent en couleurs : celle de sa terre, de sa lumière, des wax des robes des femmes, des perles de verre des parures ou encore des murs peints des maisons zouloues. Et pourtant, les artefacts anciens qui nous sont parvenus sont pratiquement tous auréolés de cette belle patine noire qui les magnifie. C’est oublier qu’en fait, à l’origine, la plupart des masques et statues étaient colorés par des pigments ou habillés par des tissus et ornés de bijoux. Ils ont souvent disparu parce que périssables, mais furent parfois aussi ôtés pour plaire à l’Occident, plus sensible à leur plastique sculpturale. En partant de ce postulat qui occulte une part de leur sens, Manuel Valentin, historien des arts de l’Afrique au musée de l’Homme, a monté cette exposition en coopération avec Hélène Lafont-Couturier, directrice du musée des Confluences, et propose une déambulation au milieu des mille couleurs du continent. C’est donc un tout nouvel angle qui est ici mis en scène avec une sélection de statues, masques et pièces des XIXe et XXe siècles illustrant les traditions populaires, provenant en majorité de la collection de Denise et Michel Meynet – et de leurs donations – et pour les marionnettes, d’un ensemble offert au musée par Armand Avril. Il offre un point de vue original qui retient le regard et ouvre une réflexion qui devrait conduire à plus de développement. Pour le mettre en images, une «matériauthèque» a été constituée, rassemblant une cinquantaine d’échantillons pour montrer l’incroyable diversité et richesse des éléments utilisés pour créer la couleur dans les arts africains.