Un plat émaillé de la Renaissance vénitienne

Lors de la belle vente mobilière organisée à l’Hôtel des ventes de Blois le samedi 24 mars, certains lots d’exception déclenchaient quelques batailles d’enchères, pour un produit global s’élevant à 356 000 €. Estimé à 5 000 à 8 000 €, un plat en cuivre émaillé polychrome avec rehauts de dorure sorti des ateliers vénitiens vers 1500 (voir Gazette n° 12, page 156), fusait à 79 200 €… Retrouvé dans un studio des résidences Touraine, à Montrichard, lors d’un inventaire de succession, ce plateau de tazza électrisait la salle avec notamment dix téléphones du monde entier, des États-Unis à l’Italie, en passant par l’Allemagne et la France, un enchérisseur sur place et deux sur le live. Finalement, c’est un grand collectionneur européen qui l’emportait. Rappelons qu’il ne subsiste qu’un petit nombre d’exemples de cette production propre à la Sérénissime, moins de trois cents pièces de ce type.
Il faut préciser que ces artefacts étaient réservés à une élite, avec un processus d’ornementation similaire à celui de la verrerie émaillée, dont la production débutait à Murano. Autre vedette de la vacation, un mobilier des artisans de Marolles, dirigé par Jean Touret, a réalisé un record pour deux tables en chêne clair à plateau rectangulaire sculpté en nids d’abeille travaillé à la gouge et l’herminette, et six chaises à dossier et assise sculpté en nids d’abeille travaillé à la gouge et l’herminette ; il provenait de la succession de l’abbé Maurice Mamour et avait été probablement exposé au château de Blois en 1958. Très recherché à Paris et à New York, ces pièces qui séduisent aujourd’hui pour leur côté brut mettaient en émoi collectionneurs et galeristes du monde entier. Démarrées prudemment à 1 000 €, les enchères de ces deux tables s’envolaient à 19 400 € chacune. En guise de conclusion, donnons deux prix pour des œuvres graphiques : un Voilier près du Bosphore peint sur panneau et signé Ziem, décroché pour 10 600 €, et une Composition au poisson et à l’ancre, une huile sur toile de Joaquín Torres García, de 1944, enlevée à 9 100 €.