Le travail de l’Arlésien Trophime Bigot demeure, parmi les dernières découvertes de l’histoire de l’art, l’une des plus passionnantes. Bien après les nocturnes caravagesques françaises de Georges de La Tour, un groupe de peintures non identifiées, mais dans ce goût en vogue au début du XVIIe siècle, attirait l’attention des spécialistes. Et en particulier celle de l’historien Jean Boyer, qui, en 1988, faisait paraître un article dans le Burlington Magazine, dévoilant l’identité de Bigot, à partir de documents récemment découverts à Rome. Il le proposait aussi comme l’artiste se cachant, peut-être, derrière le pseudonyme du Maître à la Chandelle, inventé par le chercheur britannique Benedict Nicolson, qui le premier avait repéré ces étonnantes productions dans le sud de la France. Qui était donc ce «Trofemondi Bigotti» cité dans des archives de la Ville éternelle ? Il naît en 1579 et, comme bien des artistes de sa génération, effectue vers 1605 un voyage de découverte à Rome, où il séjournera presque trente ans. Imprégné de l’esprit du Caravage, il rentre en Provence vers 1635, et livre nombre d’œuvres religieuses pour les églises de sa province, se distinguant par l’usage récurrent du fameux éclairage «à la chandelle»… Pour approfondir ce sujet, assez complexe, on se plongera aussi dans le catalogue, rédigé par Dimitri Salmon, de l’exposition Saint Jérôme du musée départemental Georges de La Tour de Vic-sur-Seille (2013). Justement, un émouvant Saint Jérôme en méditation, peint d’après le maître arlésien, réapparaissait à Toulon en ce 16 décembre, et remportait la somme de 12 012 €.