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Technique et charme

Publié le , par Anne Foster
Vente le 26 octobre 2012 - 14:30 (CEST) - Salle 5 - Hôtel Drouot - 75009

Porcelainier, Camille Naudot a su puiser dans la tradition chinoise pour enchanter les années art nouveau. À la recherche de la transparence...

Camille Naudot (1862-1938), coupe sur pied en porcelaine fine, 1902, à décor ajouré... Technique et charme

Camille Naudot (1862-1938), coupe sur pied en porcelaine fine, 1902, à décor ajouré de dielytra spectabilis en émaux translucides polychromes, h. 17,5, diam. 14,5 cm.
Adjugé 24 784 euros frais compris

Moins connu que Fernand Thesmar, avec lequel il a pourtant collaboré, Camille-Victor Naudot se destine très tôt au métier de porcelainier. Il suit des études à l’école de Sèvres, avant de prendre la succession de son père au magasin de porcelaines, en 1889. Pour peu de temps. Ce qui l’intéresse par dessus tout, c’est innover, partir à la quête d’une pâte idéalement fine, à l’instar des pièces chinoises à “décor secret” de la dynastie Ming et de celles dites “grains de riz”, technique consistant à évider la porcelaine puis à remplir les trous avec de l’émail translucide. Début 1893, il fonde son entreprise, au Raincy, en association avec sa soeur Henriette. La société “Camille Naudot et Cie” ouvre un magasin rue Auber, pour servir une clientèle raffinée en lui fournissant des pièces pour réassortir leur service en sèvres du XVIIIe siècle. Cet entrepreneur poursuit néanmoins ses recherches et réussit enfin, en 1897, à remplir les ajours d’émaux transparents sans l’emploi de fils métalliques. Tout en conservant les formes classiques et épurées des productions de Sèvres d’avant la Révolution, il s’inspire de la flore pour les décors, celle de l’esprit japonisant des dernières décennies du XIXe siècle, proche d’Émile Gallé, qui joue aussi des effets de matière et de transparence. Camille Naudot n’hésite pas à les rehausser d’or en relief pour exalter les jeux de lumière. Il applique cette technique “grain de riz” pour chaque pétale des fleurs, “Boules de neige” pour une coupe visible au musée d’Orsay ou d’autres espèces sur des coupes et vases conservés au Walters Art Museum de Baltimore. Un tour de force nécessitant une patience d’ange...
Pour cette coupe sur pied, l’artiste a choisi les tiges graciles des coeurs de Marie, nom commun de la dielytra. Délicate et robuste, celle-ci se couvre au printemps, tout le long de la tige, de grappes de fleurs en forme de coeur ; il existe des variétés à inflorescences roses, blanches et rouges. Naudot en a retenu deux sortes, l’une rose, pour la partie supérieure, la rouge agrémentant le pied. Il a également choisi de représenter le feuillage, d’un beau vert tendre. Les rameaux graciles de la dielytra en ont fait une source d’inspiration depuis l’époque romane, tant en architecture qu’en broderie, peinture ou céramique... Deux autres pièces témoignent ici de l’étendue du talent de notre porcelainier : une coupe hémisphérique sur pied arbore des motifs de centaurée et de papillons sur un même fond blanc laiteux, également rehaussé de dorure, et un vase à corps conique, daté 1900, présente des mimosas sur un fond émaillé parme. Chacune de ces pièces est attendue aux alentours de 2 000 euros. Ces oeuvres sont proches de celles exposées aux divers salons et Expositions universelles. Camille Naudot reçut d’ailleurs une médaille d’or à celle de Paris, en 1900, et le Grand Prix aux manifestations de Saint-Pétersbourg, l’année suivante, puis de Londres en 1908. Quand, en 1911, la société est liquidée et le magasin vendu, il achète une carrière dans la Nièvre, pour fabriquer des carreaux de porcelaine, puis des sujets en biscuit. Il décède à Magny-Cours en 1932.

vendredi 26 octobre 2012 - 14:30 (CEST) - Live
Salle 5 - Hôtel Drouot - 75009
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