Cette petite feuille, exécutée avec une grande science de la synthèse par le maniériste romain Taddeo Zuccaro, a remporté tous les suffrages à Angoulême. Les amateurs ont certainement été séduits par ses références à plusieurs œuvres célèbres.
Les trois annotations faites au crayon noir sur son recto et son verso y allaient chacune de leur hypothèse : «Véronèse», «Palma Verch.» et «école vénitienne du XVIIe siècle». C’est cependant au peintre maniériste romain – ni vénitien ni du XVIIe siècle – Taddeo Zuccaro (1529-1566) qu’est aujourd’hui donnée cette étude. Les amateurs ne s’y sont pas trompés : leur engouement a fait bondir la valeur de la précieuse esquisse des 10 000 à 15 000 € attendus à un résultat final de 103 750 €. Il faut dire que cette petite feuille concentre à elle seule plusieurs images connues, comme un hommage à divers chefs-d’œuvre. Ainsi la figure agenouillée de profil, dessinée au lavis, reprend-elle la pose des deux femmes apparaissant de face, au premier plan, dans la fresque du plafond de la chambre d’automne au palais de Caprarola, exécutée par Taddeo et son frère cadet Federico, autour de 1561-1566, sur un programme à la gloire des Farnèse. De même, les deux autres enlacées sur la droite évoquent celles figurant dans l’étude pour les muses du Parnasse, dessin conservé au musée du Louvre en rapport avec la fresque, peinte au palais Orsini, à Bracciano, en 1558 et 1559. Taddeo avait été chargé de cet important projet par Paolo Giordano Orsini, premier duc de Bracciano, à l’occasion de son mariage avec Isabelle de Médicis, en 1558. Signalons enfin le paysage esquissé au verso de la feuille, qui évoque les ruines des thermes de Caracalla, à Rome. Il s’agirait, selon le cabinet de Bayser, de la seule étude de paysage sur nature connue dans l’œuvre dessiné de Taddeo Zuccaro.