Les félins de Jouve comptent parmi ses œuvres les plus prisées des collectionneurs, notamment pour leur évocation du célèbre ouvrage de Rudyard Kipling Le Livre de la jungle.
La panthère noire avance de son pas assuré et souple ; elle offre aux yeux de tous sa puissance et son élégance. Paul Jouve a perfectionné au fil des années sa technique si sensible. C’est en 1906 – un an après sa première exposition personnelle organisée chez Marcel Bing, le fils du grand marchand art nouveau Samuel – qu’il est choisi par la Société du livre contemporain pour illustrer une nouvelle édition du désormais célèbre Livre de la jungle de Rudyard Kipling (1894). L'artiste travaillera durant six années à ces représentations devenues mythiques, faisant de réels personnages de la panthère Bagheera et du tigre Shere Khan. L’ouvrage, retardé par la guerre, ne sortira qu’en 1920 : le grand public découvre alors le talent de ce peintre animalier. Si Kipling avait puisé son inspiration dans ses années passées en Inde, Paul Jouve a quant à lui travaillé et observé les animaux tant au Jardin des Plantes et au Muséum d’histoire naturelle de Paris, quand il était jeune, qu’en Algérie, où il se rend en 1907 grâce à l’obtention d’une bourse du gouvernement général de cette colonie. Durant toute sa carrière, il déclinera à l’envi ces animaux parfaitement compris et captés, sachant mieux que quiconque donner une âme aux fauves. Artiste précoce – il expose dès ses 16 ans aux salons ses dessins de lions de Ménélik et d’Abyssinie –, Paul Jouve connaîtra une belle réussite, qui lui permettra d’arpenter les zoos et ménageries de toute l’Europe, avant que ses pérégrinations ne mènent ce voyageur infatigable jusqu’en Afrique noire et en Asie.