Souvenirs de l’Empire moghol

Mars est traditionnellement le mois du dessin, et de nombreuses feuilles s’apprêtent à pousser sous les vents et dans les foires. Légèrement en avance sur la saison, les premières arrivaient d’Inde, traduites sous le pinceau d’artistes de la Company School, un style éclos dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Nous sommes alors vers 1820 et les Européens, tout particulièrement les Britanniques, sont très en demande de vues des principaux monuments de la somptueuse période moghole. C’est d’ailleurs souvent sur du papier importé de Grande-Bretagne – ainsi qu’en atteste le filigrane W. Turner & Son présent sur le support – que celles-ci étaient exécutées. On reconnaissait ici la porte du Jardin (Darwaza-i-Rauza) du Taj Mahal et celle de la Victoire (Buland Darwaza) de la mosquée Jama Masjid de Fatehpur Sikri, situés dans l’Uttar Pradesh. Ces ouvrages appartiennent à l’histoire de l’Inde : le mausolée pour avoir été construit sur ordre de Shah Jahan (1628-1658) en souvenir de sa favorite, décédée en 1631, la porte de la mosquée pour commémorer la victoire sur le Gujarat de l’empereur Akbar (1556-1605). Ceci accompagné de leur bel état de fraîcheur menait ces deux témoignages à 30 720 €.