L’art de la laque apparaît très tôt dans l’histoire de la Chine ancienne, comme l’atteste un bol en bois laqué retrouvé sur un site de la province de Zhejiang, datant de l’époque… néolithique, soit 4000 ans av. J.-C. ! Mais c’est bien plus tard, sous la dynastie des Tang, soit entre 618 et 906, qu’apparaît la technique de la laque sculptée. Elle nécessite une longue élaboration à partir de multiples couches d’une gomme tirée de l’arbre Rhus verniciflua – parfois plus d’une centaine –, afin de dégager les motifs dans l’épaisseur. Il faut encore attendre l’époque Yuan (1279-1368), pour voir l’émergence des laques ciselées en noir sur rouge, ou «noir sculpté», dite tihei. La boîte qui nous occupe ici, date de l’époque Hongzhi, plus précisément de 1488 à 1505, sous le règne de l’empereur éponyme, neuvième souverain de la dynastie Ming. Elle applique ces principes de ciselure profonde, exécutée par un certain «Wang Ming à Pingliang» – le seul artisan de son temps qui ait laissé sa signature sur plusieurs artefacts –, comme l’indique une inscription. Le maître a dégagé le motif décoratif central, un médaillon contenant une scène décrivant trois dignitaires à cheval devant un palais, accueillis par des serviteurs. Sur le pourtour du couvercle, court une frise de fleurs et de feuillages de lotus, tandis que la paroi bombée de la boîte se pare de rinceaux tout aussi fleuris… Dans tous les cas, une pièce exceptionnelle par sa datation et sa signature, qui était emportée pour 247 800 € par un collectionneur français face à des acheteurs anglais et chinois.