À elle seule, cette structure en croisillons suffit à évoquer un monument emblématique, inauguré en 1889 pour l’Exposition universelle de Paris : la tour Eiffel. Si l’on excepte son attrait esthétique, l’intérêt de celle-ci est avant tout architectonique, l’armature en diagonale permettant de répartir les charges, pour assurer la cohésion d’un édifice qui sinon fléchirait sous son poids. Le lampadaire de Jean Royère, près de deux cents fois plus petit que la célèbre dame de fer, ne souffre pas de cette exigence. Le décorateur autodidacte imagine cet hommage en 1947, et le présente lors de l’exposition «La Résidence française» organisée par la revue Art et industrie. Le succès est au rendez-vous pour cette dentelle de métal, bientôt déclinée en miroirs, consoles, tables basses, lampes, appliques et autres chandeliers. C’est ainsi qu’en 1951, ce lampadaire a été offert en cadeau de mariage à un couple, dont les descendants l’ont conservé jusqu’à aujourd’hui. L’exposition a fait date pour Royère, lui permettant de décrocher de prestigieuses commandes, à l’instar de la décoration du consulat général de France à Alexandrie, en 1948, et de la légation de France à Helsinki en 1950. L’élégante modernité de son travail a également su séduire des personnages de marque, comme le roi d’Égypte et le shah d’Iran. D’autres lignes graphiques se faisaient remarquer, notamment celles du visage minimaliste sculpté dans le bois par Wang Keping. Attendue au plus haut à 8 000 €, Face décrochait en effet 17 980 € (voir Gazette n° 41, page 158). Les dessins étaient également appréciés, avec 24 800 € requis pour Les Lèvres, un fusain sur traits d’encre brune signé par Francis Picabia en 1949. Un bon résultat suivait, à 20 832 €, pour une gouache sur papier d’Arches de Georges Mathieu : Anthurium, dédicacée «pour Sylvestre Verger avec les pensées sensibles de Mathieu». 15 500 € étaient encore prononcés pour une aquatinte en couleurs de l’Odalisque au coffret rouge, réalisée en 1952 d’après Henri Matisse.