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Première édition encourageante pour la foire Art SG à Singapour

Publié le , par Alexandre Crochet

La nouvelle foire d’art contemporain a réussi son lancement à Singapour, vivier de grosses fortunes et nouvelle porte d’entrée vers le prometteur marché d’Asie du Sud et au-delà.

Thomas Ruff (né en 1958), d.o.pe.06, 2022, impression Colaris sur tapis de velours,... Première édition encourageante pour la foire Art SG à Singapour
Thomas Ruff (né en 1958), d.o.pe.06, 2022, impression Colaris sur tapis de velours, édition 1/4, 1 AP, signée, datée, numérotée, inscription « RUFTH1763” » au dos, 126,3 199,1 cm. Galerie David Zwirner.
© Thomas Ruff/Artists Rights Society (ARS), New York/VG Bild-Kunst, Germany. Courtesy the artist and David Zwirner

Singapour, nouvel eldorado de l’Asie ? Alors que l’étoile de Hong Kong pâlit, tous les regards étaient tournés la deuxième semaine de janvier vers la cité-État pour l’édition inaugurale d’Art SG. Fondée par Magnus Renfrew, ex-directeur d’Art HK et des débuts d’Art Basel Hong Kong, la nouvelle foire a réuni 164 galeries au pied du Marina Bay Sands. On comptait de nombreux poids lourds internationaux de Gagosian à David Zwirner, parmi les Français Templon, Almine Rech, Jocelyn Wolff ou Loeve & Co, ainsi que des enseignes britanniques, allemandes ou suisses. Du jamais vu dans cette ville partageant gratte-ciel, langue anglaise et infrastructures performantes avec Hong Kong. Tous les clignotants sont au vert pour cette « Suisse de l’Asie », hub qui attire les visiteurs des pays proches – la Malaisie, la Thaïlande, le Vietnam, l’Indonésie dont la population explose… En outre, « Beaucoup de Chinois continentaux disposant de gros moyens ont quitté leur pays pour Singapour, de même que des Chinois de Hong Kong travaillant dans la finance ou le transport, et les enfants d’hommes d’affaires effrayés par les accusations de Pékin contre les cinquante familles les plus riches de Hong Kong », observe un spécialiste. Enfin, une nouvelle génération d’habitants prêts à dépenser a émergé. Résultat : en 2022, Singapour était classée comme la 5e ville concentrant le plus de richesses au monde, avec la bagatelle de 250 000 millionnaires, dont 336 disposant de plus de 100 M$… Des chiffres qui devraient encore croître ! D’où l’excitation des marchands occidentaux, mais aussi asiatiques, en quête de nouveaux débouchés.
Une clientèle néophyte
De l’Inde à l’Australie en passant par le Japon ou la Corée, la diversité géographique frappait dans les allées, tout comme la forte présence des jeunes générations, plus nombreuses que sur les foires américaines ou européennes. Une clientèle néophyte, dont certains galeristes cherchaient à capter l’attention à grand renfort d’œuvres parfois kitsch ou flashy, susceptibles de plaire à la génération Instagram. « On ne sent aucune anxiété, la plupart des gens aperçus bossent et ont envie de se faire plaisir », confie Stéphane Corréard, codirecteur de Loeve & Co. L’une des rares à proposer des œuvres historiques, l’enseigne présentait un solo show du Japonais Key Hiraga et a cédé entre autres l’un de ses tableaux à un Singapourien pour moins de 100 000 €. « Attention, nous avons compris après coup qu’il faut éviter ici les œuvres sur papier à cause du climat humide », ajoute-t-il. Les méga-galeries déjà bien implantées en Asie et les mieux préparées ont vendu des œuvres importantes : une toile d’Anselm Kiefer pour 1,2 M€ à un Indonésien chez White Cube, une installation de James Turrell pour 950 000 $ chez Pace, quatre nouvelles œuvres de Mandy El-Sayegh pour un total de 335 000 $ à des collectionneurs asiatiques chez Lehmann Maupin – qui vient de recruter un représentant permanent à Singapour – ou encore Huang Yuxing entre 200 000 et 250 000 $, ou Wes Lang entre 130 000 et 150 000 dollars chez Almine Rech. Mais dans l’ensemble, les exposants n’ont pas sorti leurs œuvres les plus chères pour cette édition-test destinée à prendre la température (quasi tropicale) de Singapour. D’aucuns ont vanté les retrouvailles avec leurs clients et les nombreux nouveaux contacts établis. Il faudra du temps pour que les milléniaux mûrissent leur intérêt pour l’art, et pour qu’Art SG s’installe pour de bon dans le paysage. « La question n’est pas de savoir si Hong Kong perd et Singapour gagne, confie le collectionneur Patrick Sun. L’Asie est assez grande pour plusieurs places. »

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