Ce tirage d’époque faisait partie du reportage photographique de Jean Moral pour Harper’s Bazaar, publié en 1933 et consacré à l’idyllique villa de Reynaldo Luza sur l’île de Majorque.
La mer à perte de vue, des plages de sable fin, des villas modernes nichées dans une végétation luxuriante… tel est le Formentor que découvre Jean Moral en 1933, à l’invitation du dessinateur de mode péruvien Reynaldo Luza et d’Adan Diehl, poète et mécène qui anime, avec son épouse Maria Elena de las Mercedes Poppolizzio, un cercle littéraire et artistique à Buenos Aires, mais est aussi propriétaire de l’hôtel Formentor, fréquenté aussi bien par le prince de Galles que Charlie Chaplin. Le photographe n’est pas un inconnu ; il est remarqué par la liberté de son style, l’emploi de perspectives insolites. Il s’empare du monde en le shootant en très gros plans, en vue aérienne, en plongée et contre-plongée. Une technique innovante et étonnante, surtout lorsque l’on sait qu’il est venu à la photographie en autodidacte. Juliette, son épouse et modèle préféré, l’accompagne dans ce lieu paradisiaque. La collection des quarante-cinq tirages argentiques, conservée par Adan Diehl, témoigne de ce bonheur et de son émerveillement devant la beauté du site. On suit les bains de soleil de Juliette au bord de la piscine, ses promenades sur la plage, on admire les nuages roulant dans le ciel au-dessus de la mer, les lignes modernistes de la Casa Luza se découpant sur la mer. Moral signe aussi en avril 1933 un contrat avec Harper’s Bazaar, entamant une carrière de photographe de mode. En 1938, il réalise cependant des reportages sur la guerre d’Espagne avec des textes de Joseph Kessel pour Paris Match et Paris-Soir. En 1955, il s’oriente vers la peinture et s’installera en Suisse.