Cette toile du premier peintre moderne indien, Sayed Haïder Raza, séduisait par la vibration chromatique de ses nuances de noir.
La Suisse était largement distancée par l’Inde au cours de cette vacation traversant les époques et les continents. Alors que l’on attendait le dessin au crayon noir et à la sanguine de Jean-Étienne Liotard (1702-1789) représentant un membre éminent de la bourgeoisie genevoise – objet du Coup de cœur de la Gazette n° 39, (voir l'article Étienne Liotard, Jacob Tronchin en quelques nuances de gris… de la page 31) –, les enchères se sont portées sur la peinture d’un des meilleurs tenants de l’art moderne et contemporain du sous-continent, Sayed Haïder Raza. Rien à voir cependant entre les deux, si ce n’est cette courte introduction. Déception donc pour le Liotard, mais joli coup pour le natif de Barbara, dont cet acrylique sur toile Sans titre, produit en 1982, obtenait 76 215 €. Désormais fréquent sur le marché français, l’artiste y est recherché car, comme l’écrit Pierre Gaudibert, ancien directeur du musée d’Art moderne de Paris, il occupe sur la scène picturale «une place exceptionnelle ; par son enfance, sa première formation artistique, sa vaste culture (…) il appartient à son pays d’origine. Par ses attaches de quarante années de vie passées en France, il est de France, de l’école dite "de Paris", qui a su intégrer des artistes venus de tous les horizons de la planète».