À la fin du XIXe siècle, l’Espagne est un marché important pour les horlogers suisses ou anglais. Une quarantaine de montres, en or pour la plupart, simples ou à complications, en témoignent.
On savait le roi Alphonse XIII (1886-1941) grand collectionneur de photos érotiques mais on se souvient moins qu’il fut aussi amateur de montres. Des noms célèbres d’horlogers espagnols fournissent alors le marché national et celui destiné à l’exportation, à commencer par l’Amérique du Sud. Passage presque obligé à Madrid, la boutique d’un certain Losada, qui propose également les productions des horlogers suisses et anglais. Connus pour la qualité de leurs mouvements, ces garde-temps sont reconnaissables également par leurs imposants boîtiers gravés et le décor de fleurs et de feuillages de leurs cadrans. Quarante de ces montres savonnettes – nommées ainsi en raison de leur silhouette bombée munie d’un couvercle – ouvrent cette séance. Si certaines sont signées (Grosclaude, Huguenin, Mongas, Robert & Cie, Haas & Privat, Henri Bogel, Mitchell, etc.) et estimées entre 200/300 et 2 000/4 000 €, la plus attendue est anonyme (voir photo). Prévoyez 3 000/5 000 € pour ce bijou dont le calibre provient de la vallée de Joux, dans le massif du Jura, et a probablement été emboîté en France. Son cadran en émail guilloché translucide indiquant heures et minutes est entouré de trois automates en relief, figurant deux putti et Chronos, personnification du temps. La cuvette en or porte les inscriptions «Médaille d’or de Bordeaux 1895» et «Diplôme d’honneur de Paris 1896» attestant de la qualité de la fabrication. Nous voilà rassurés.