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Marrakech entre dans la danse

Publié le , par Adrien Grandet

Small but beautiful… and successful. Tel serait en résumé le bilan de la première bouture marocaine de la foire 1-54 organisée, les 24 et 25 février, dans l’hôtel La Mamounia, à Marrakech.

1-54 Marrakech investissait le temps d’une foire l’hôtel La Mamounia.  Marrakech entre dans la danse
1-54 Marrakech investissait le temps d’une foire l’hôtel La Mamounia.
Photo Adnane Zemmama

Le pari n’était pourtant pas gagné. Avec tout juste dix-sept exposants et l’annulation de la Biennale de Marrakech qui devait se tenir simultanément, il n’était pas évident que ce salon dédié au continent africain rallie les visiteurs. En 2010 et 2011, une première foire s’était déjà tenue à Marrakech. Mais pris dans la tourmente des Printemps arabes, faute également de subsides privés et publics, l’événement s’était arrêté au bout de deux éditions. 1-54 subissait aussi une double concurrence : celle de la foire du Cap, qui ralliait la semaine précédente la majorité des acteurs de l’Afrique anglophone, et de l’ARCO, rendez-vous habituel des collectionneurs européens en février. D’aucuns invoquaient aussi un mauvais timing, la bourgeoisie marocaine étant à cette époque de l’année soit sur les pistes de ski, soit en train de lézarder dans les pays chauds. Pourtant, le vernissage, le 23 février, s’est déroulé à guichets fermés. Le ban et l’arrière-ban des amateurs français exilés à Marrakech, à l’instar de Bernard Herbo, étaient au rendez-vous. D’autres collectionneurs, comme la Belge Galila Barzilaï-Hollander ou l’Italien Eugenio Sandretto Re Rebaudengo, se sont rendus à Marrakech après avoir assisté au vernissage de l’ARCO. Il faut dire que 1-54 arrivait avec une marque déjà installée et un capital sympathie important. Et, en prime, une vraie qualité. Plusieurs «solo show» sortaient du lot, comme celui dédié à Ibrahim El Salahi, dont quatre pièces ont trouvé preneur sur le stand de Vigo Gallery, ou d’Ernest Mancoba sur le stand de Mikael Anderson. «Nous n’avons pas au Maroc de musée comparable à Zeitz au Cap, mais Marrakech peut devenir le hub pour l’Afrique de l’Ouest et du Nord», estime Jacques-Antoine Gannat, directeur de Loft.
Des acteurs très actifs
La plupart des exposants avaient d’ailleurs le sourire. Mais exception faite des galeries marocaines qui jouent à domicile, ils ont principalement vendu à des collectionneurs étrangers. Car le marché marocain a son talon d’Achille, la taxe à l’importation de 10 %, auquel s’ajoute le contrôle des changes pouvant retarder les transactions. «L’administration met du temps à valider toute sortie d’argent», explique Olivier Berman, spécialiste chez Artcurial, qui a monté depuis deux ans une vente en duplex avec Marrakech. Le contrôle des changes, Touria El Glaoui, directrice de la foire, tend à le minorer. «Il est similaire à de nombreuses autres foires dans le monde, je dirais celles qui pourraient avoir lieu dans des pays d’Amérique latine ou centrale [Brésil, Mexique…], confie-t-elle. Chaque pays a ses spécificités, y compris bancaires et douanières, qui peuvent être surprenantes pour des galeries européennes habituées à commercer entre pays de l’Union, où tout est très facile ; il faut le comprendre et l’accepter. « Moins important que le Mexique ou le Brésil, le potentiel marocain est réel, avec l’apparition de quelques acteurs très actifs, comme la famille Lazraq, qui a ouvert le musée d’Art contemporain africain Al Maaden (Macaal) à Marrakech. Et certaines galeries, venues juste pour humer l’air, n’excluent pas de participer l’an prochain à la foire.

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