Accompagnant l’essor économique de la fin du Moyen Âge, la dévotion privée prend de l’ampleur. Les riches Florentins, par exemple, possèdent leurs propres chapelles ou des oratoires. Ils peuvent s’y consacrer à leur dévotion, les peintures prenant comme modèles les retables des maîtres-autels, eux-mêmes inspirés des icônes byzantines. Ce triptyque portatif rend hommage à la vie du Christ sur le panneau central, de sa naissance figurée par la Vierge à l’Enfant à sa mort La Crucifixion, avec Marie et saint Jean au pied de la Croix ; des saints, peut-être liés à des membres de la famille du commanditaire, sont représentés sur les volets : de bas en haut et de gauche à droite, Jean-Baptiste, Georges, Antoine et François, recevant les stigmates. Les personnages se détachent sur fond or. Cette composition reprend une formule en faveur à Florence au XIVe et au début du XVe siècle : la combinaison des sujets principaux dans le panneau central, la présence d’un des patrons de la ville, Jean-Baptiste, les couleurs lumineuses se retrouvant sur de multiples œuvres florentines de cette époque. Bicci di Lorenzo, élève de son père Lorenzo di Bicci (vers 1350-1427), avait appris ces préceptes dans l’atelier de celui-ci, aidant à la réalisation de nombreuses commandes passées par les Médicis pour des édifices publics ou leurs demeures privées, ou par le Clergé et les guildes des marchands de la ville. Le spécialiste de la peinture florentine de cette époque et de cet artiste en particulier, Miklos Boskovits, a proposé en 1998 de lui attribuer cette œuvre, la datant de la fin du XIVe siècle, époque où il travaillait encore avec son père. En 1424, Bicci di Lorenzo est admis au sein de la prestigieuse guilde de Saint-Luc. Vasari lui consacre un article dans sa Vie des peintres (le confondant parfois avec son père), citant des fresques au palais Médicis et à la cathédrale de Florence, et des temperas pour une clientèle privée. Vers la fin de sa carrière, son œuvre se rapprochera de celle de Fra Angelico.