La rareté des photographies réalisées à La Mecque dans les années 1880 en font leur valeur, davantage que leur état de conservation.
Cet ensemble dispersé en un seul lot est composé de vingt-sept épreuves, dont quatre panoramas. Si le pari est audacieux de les proposer ainsi, il se justifie par la rareté d’une telle somme. Collectionneurs français, orientalistes et institutions devraient être sur les rangs. Treize de ces images, dont les quatre panoramas, sont signées de Muhammad Sadiq Bey (1832-1903). Ingénieur et arpenteur de l’armée égyptienne, il est le premier à se rendre dans les villes saintes de La Mecque, Médine et Hajj. En 1861, en tant que trésorier de la caravane des pèlerins, il réalise quelques clichés. En 1880, il se consacre aux portraits, aux bâtiments et aux intérieurs, ainsi qu’à la mosquée de La Mecque. Son travail de pionnier suscite un vif intérêt dans la presse arabe et européenne, et lui vaut la médaille d’or à l’exposition photographique à Venise en 1881. L’autre grand nom de cet ensemble est celui du médecin hollandais Christiaan Snouck Hurgronje (1857-1936). Titulaire d’un doctorat sur les origines préislamiques du Hajj, il se rend en 1884 à Jedda puis à La Mecque, exerçant la fonction de conseiller sur les affaires autochtones auprès du gouvernement colonial néerlandais. Faussement converti à l’islam, et autorisé à prendre des photographies et à étudier les coutumes des habitants et des pèlerins, il sera expulsé du pays par le sultan ottoman. Avant son départ précipité, il confie son matériel à Sayyid Abd al-Ghaffar, le médecin qu’il avait formé. En 1888, Christiaan Snouck Hurgronje publie son premier ouvrage, associant à son nom celui de ce dernier.