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Les Batteurs de blé de Sérusier, au plus près du réel

Publié le , par Claire Papon et Sophie Reyssat
Vente le 15 février 2024 - 18:00 (CET) - 118, rue du Faubourg Saint-Honoré - 75008 Paris
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Vedette d’une dispersion qui compte aussi des dessins et des écrits de Pablo Picasso, ce tableau de Paul Sérusier, conservé par la famille de Max Pellequer, est vierge de toutes transactions sur le marché.

Paul Sérusier (1864-1927), Les Batteurs de blé, 1893, huile sur toile, 91 x 73 cm.... Les Batteurs de blé de Sérusier, au plus près du réel
Paul Sérusier (1864-1927), Les Batteurs de blé, 1893, huile sur toile, 91 73 cm.
Estimation : 600 000/900 000 

Il se dégage de ces Batteurs de blé une force qui dépasse de loin celle dont doivent faire preuve les hommes et les femmes attelés à cette tâche… Les personnages se font face, qui rythment la composition de leurs silhouettes stylisées : ceux en fond de scène, les bras levés, s’apprêtent à lancer au sol leur outil, quand ceux qui tournent le dos au spectateur sont courbés, prêts à frapper le blé. La touche en hachure, la représentation de la meule à droite et celle du paysage fermant l’horizon, comme la palette, ne sont pas sans rappeler Vincent Van Gogh. Le spectateur est pris dans le mouvement de cette danse laborieuse. Le bleu du ciel fait écho à celui du pantalon du personnage au premier plan, les corps brunis par le soleil dialoguent avec la teinte orangée des fléaux, l’or du blé et des champs renforce l’atmosphère saturée de lumière et l’impression de chaleur. Quant au nombre de paysans –dix –, il n’a pas été choisi au hasard, ce chiffre représentant dans la tradition biblique les dix sphères par lesquelles passe l’influx divin. C’est le chiffre de la perfection et de la plénitude.

Le peintre insuffle une respiration spirituelle dans cette scène de la vie quotidienne. Né à Paris, où il étudie à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts et à l’académie Julian, Paul Sérusier formera avec ses compagnons Maurice Denis, Pierre Bonnard, Édouard Vuillard et Ker-Xavier Roussel, le groupe des nabis. Rassemblés autour de Sérusier à partir de 1888, ces artistes partagent une esthétique faite de formes épurées, d’aplats de couleur, de contours, et parfois un certain sens du symbolisme. Conservée à l’abri des regards, cette toile figura toutefois à la 82
e exposition rétrospective «De Pont-Aven aux nabis», en 1971, au Grand Palais, puis en 2003 à Kenavo Monsieur Gauguin, au musée de Pont-Aven. Sa provenance ? La famille de Max Pellequer (1883-1974), cofondateur de la Banque nationale du commerce et de l’industrie. Grand collectionneur – et neveu par alliance de l’homme d’affaires et amateur d’art moderne André Level –, il était proche de Georges Braque, Marc Chagall, Henri Matisse, Joan Miró, et fut aussi le conseiller financier et l’ami intime de Pablo Picasso.

jeudi 15 février 2024 - 18:00 (CET) - Live
118, rue du Faubourg Saint-Honoré - 75008 Paris
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