Particulièrement expressive, la technique de cette sculpture gallo-romaine découverte au XIXe siècle, dans l’Aveyron, lui a valu un résultat mérité.
La tête de marbre blanc surprend par sa force de caractère peu commune (voir l'article Le charme facétieux de l’art gallo-romain de la Gazette n° 41, page 155)… N’y sont pas étrangères la bouche ouverte dans un rictus rieur – où l’on distingue, détail tout à fait remarquable, la langue et les dents bien alignées –, les sourcils froncés et, surtout, ce regard sur le côté, accentué par des iris incisés et des pupilles creusées au trépan. Des détails d’importance, quand on sait que le personnage mythologique représenté, mi-homme mi-animal, est un faune, créature malicieuse, voire lubrique… Leur rendu, tout comme celui de la chevelure bouclée, du nez épaté et de la large moustache vrillée, indique une date de création se situant à la fin du IIe siècle apr. J.-C. ou au début du suivant, période où apparaît dans la sculpture romaine une sorte de baroque. Notre œuvre si expressive bénéficie de plus d’un historique plutôt bien établi : elle aurait été découverte lors d’un labour, près de La Bastide-L’Évêque (Aveyron) avant 1890 ; exposée en 1892 à Rodez, puis conservée dans la région, elle est publiée par l’archéologue Gilbert Bou au début des années 1960. Et si l’on ajoute à cela qu’elle provient d’une aire riche en vestiges antiques – indiquant peut-être l’emplacement de la demeure du fameux intendant impérial Zmaragdus ! – toutes les conditions étaient réunies pour une belle rixe d’enchères. Le faune facétieux s’en est allé finalement, pour 61 250 €, rejoindre ses semblables au musée Saint-Raymond de Toulouse.