Artiste aux multiples talents, Jacques Adnet fut influencé par le fonctionnalisme et le cubisme, comme en témoigne ce meuble-bar aux formes géométriques.
Ébéniste, architecte, céramiste ou encore ferronnier, Jacques Adnet pense toujours ses créations indépendamment du reste de la décoration d’un lieu. Il insuffle beaucoup de sentiment à ses meubles, mais met également un point d’orgueil à trouver le bon équilibre entre tradition et modernité, esthétique et fonctionnalisme, afin de plaire au grand public. Il se veut moderne mais désire accompagner les évolutions de son temps sans rupture. Il se définit lui-même comme «innovant et classique : le champion des traditions qui regarde dans le futur». Il aime particulièrement allier des matériaux différents du bois aux matières modernes , à l’image de ce meuble de bar à structure rectangulaire en bois laqué beige, reposant sur deux blocs en bois laqué noir, au dessus et au motif central en verre opalin noir, ouvrant également à deux portes garnies d’étagères en verre et métal. Un objet qu’il déclinera en plusieurs dimensions et matières un peu plus allongé et en laque noire gravée en façade ou bien en bois laqué blanc à filets dorés, par exemple. Des créations typiques des années 1930, dans un esprit encore très art déco. Devenu l’une des icônes du modernisme, Jacques Adnet a suivi la même formation que son inséparable jumeau Jean. Ils ont réussi ensemble le concours d’entrée à l’École des arts décoratifs de Paris, à l’âge de 16 ans, avant de passer par les ateliers d’Henri Rapin, de l’architecte-décorateur Tony Selmersheim et enfin, à partir de 1920, chez Maurice Dufrêne, qu’ils suivront dans son aventure de La Maîtrise pour les Galeries Lafayette. Ils se lancent seuls à partir de 1923, et leur passage à l’Exposition des arts décoratifs de 1925 est un succès. Les frères se séparent alors, Jean devenant directeur du service des étalages des Galeries Lafayette et Jacques, à la tête de la Compagnie des arts français, qu’il orientera vers la fabrication industrielle et le modernisme, en collaboration avec des artistes de tous bords comme Raoul Dufy, Charlotte Perriand ou Paul Jouve. Il y restera jusqu’en 1959, date à laquelle il sera nommé directeur de l’École supérieure des arts décoratifs. Un retour aux sources.