Une scène religieuse en remplace une autre. On attendait le Portement de croix des frères Le Nain (objet de la couverture de la Gazette no 9 du 8 mars) et l’on a rencontré Saint Paul réconciliant les deux papes d’une école avignonnaise du XVe siècle : une scène irréaliste, conclue sur un résultat de 97 500 €. À la mort de Grégoire XI, en 1378, Bartolomeo Prignano devient chef de l’Église romaine sous le nom d’Urbain VI (1378-1389). Il est soutenu par les prélats de l’Italie du Nord, de Hongrie, de Pologne, des Flandres et d’Angleterre. Or, dans le même temps, Robert de Genève prend la tête du pontificat d’Avignon sous celui de Clément VII (1378-1394), avec l’accord de la France, de la Castille, de l’Écosse et de différents duchés. Cela provoquera un épisode délicat pour l’Église connu sous le nom de grand schisme d’Occident, les chrétiens se divisant en «clémentins» et «urbanistes». L’unité ne reviendra pas avec leur mort, deux nouveaux papes leur succédant jusqu’à ce que le concile de Pise de 1409 ne les dépose et en désigne un nouveau. Ce n’est donc pas saint Paul qui a agi, mais dans l’Europe très chrétienne du XIVe siècle, on peut sans peine imaginer l’émoi que ce schisme provoqua auprès des fidèles et symboliquement, il convenait d’espérer d’un saint une bénédiction pour réconcilier l’irréconciliable.