Des Tuileries à Versailles, Napoléon Bonaparte a cherché un palais à sa mesure, digne de son impériale ambition. Mais celui de ses rêves les plus grandioses n’aura pas eu le temps de voir le jour.
Peu de souverains ont eu autant de palais que Napoléon Bonaparte. Premier consul de la République, il s’installe aux Tuileries en 1800 et prend Saint-Cloud pour seconde résidence en 1802. Empereur des Français, il multiplie les demeures en France puis, dans le cadre du «grand Empire», rénove Fontainebleau en 1804 et attribue Meudon à son fils, en 1811. Il nourrit également de plus vastes projets, entre retour à Versailles et construction d’un nouveau palais impérial, le «palais du Roi de Rome». Pour autant, durant les quinze années de son gouvernement, il n’est pas sûr que Napoléon ait trouvé la demeure de ses rêves… Le 20 brumaire an VIII (11 novembre 1799), au surlendemain du coup d’État qui renverse le Directoire, les «consuls provisoires» s’installent au Luxembourg, l’ancien palais du gouvernement déchu. Trois mois plus tard, après des travaux de rénovation menés tambour battant, les consuls nommés par la nouvelle Constitution – Bonaparte, Cambacérès et Lebrun – se transportent au palais des Tuileries. S’installer dans ces murs, c’est renouer avec des souvenirs politiques récents : le séjour forcé de Louis XVI et de Marie-Antoinette, d’octobre 1789 à août 1792, l’installation de l’Assemblée nationale dans la salle du Manège puis, après la chute de la monarchie, le transfert de la Convention nationale et de ses comités dans les Tuileries proprement dites. L’intérieur conserve également les souvenirs des Valois et des Bourbons, particulièrement de Louis XIV : en dépit des déprédations subies pendant la Révolution, le décor des Tuileries demeure essentiellement louis-quatorzien. Bonaparte prend alors possession de l’ancien…
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