L’ébéniste allemand David Roentgen a conquis la France avec ses marqueteries et ses mécaniques ingénieuses.
Il n’est pas si fréquent de trouver sur le marché un meuble donné à David Roentgen (1743-1807). Il était donc normal que cette table à mécanisme en acajou et placage d’acajou, réalisée à la fin de l’époque Louis XVI et déjà reproduite en page 62 de la Gazette no 43 du 4 décembre (voir l'article David Roentgen, une mécanique bien huilée), soit scrutée sous tous les angles. Arrivé à Paris en 1779 pour y faire connaître son travail, l’ébéniste de Neuwied-sur-le Rhin accède à la maîtrise l’année suivante et dès lors, les commandes royales et princières se succèdent, notamment le célèbre bureau à cylindre offert par Marie-Antoinette au pape Pie VI. Il travaille toujours en collaboration avec son complice l’horloger Peter Kinzing (1745-1816), l’inventeur des mécanismes savants de ses créations. Ses meubles sont rarement signés et n’en ont nul besoin : ils parlent pour eux-mêmes ! 59 095 € étaient déposés dans l’écritoire de celui-ci, une table de dame qui s’inscrit dans une série de modèles identiques dont celle ayant appartenu à la grande-duchesse Maria Feodorovna de Russie (1759-1828), conservée au château de Pavlovsk, et celle d’Anne-Amélie de Brunswick, duchesse de Saxe-Weimar-Eisenach, toujours au Wittumspalais de Weimar. On le voit, Roentgen était un artisan diffusé dans toutes les cours d'Europe. Une véritable success story à la mode du XVIIIe siècle.