Sur ce diptyque, les palmiers sont illuminés par le soleil au zénith, de la même manière que les toitures végétales paraissent argentées. Cette scène de vie quotidienne dans un village de palmeraie est ici sublimée par le cadrage large, la vue plongeante, et les contrastes de tons que manie à la perfection Pham Hau. C’est en intégrant en 1929 l’École supérieure des beaux-arts de l’Indochine, créée seulement quatre ans plus tôt à Hanoï, que l’artiste vietnamien apprend à dompter cette technique si difficile. Il doit sa formation au cofondateur de l’école Victor Tardieu (1870-1937), et au peintre marseillais Joseph Inguimberty (1896-1971), directeur de la section peintures. Dès 1928, un département entier est consacré, au sein de l’institut, à l’apprentissage de la laque. Avec ses célèbres camarades Nguyen Gia Tri (1908-1993) et Tran Van Can (1910-1994), Pham Hau y apprend à fusionner cette technique traditionnelle vietnamienne partie intégrante de l’identité culturelle nationale , à une iconographie locale illustrant des paysages vierges et poétiques et à un traitement pictural inspiré de la peinture moderne occidentale. Les trois artistes inaugurent une période connue comme l’âge d’or de la peinture vietnamienne, située entre 1930 et 1945. La recherche sur les variations de transparence et d’opacité, sur les jeux de surface, de profondeur et de perspective, inédite, offre des possibilités infinies d’expérimentation qui donneront lieu à une émulation féconde. Dès les années 1930, Pham Hau connaît un succès commercial certain, auprès des grandes familles vietnamiennes comme des administrateurs coloniaux. Un engouement qui ne se dément pas aujourd’hui, ses deux plus hauts résultats aux enchères ayant été enregistrés il y a moins de deux ans : le premier, établi à 421 000 € en mai 2018 à Drouot par Coutau-Bégarie, le second, élevé à 380 000 € en février dernier chez Le Floc’h, à Saint-Cloud respectivement cinq et quatorze fois leurs estimations basses.