Cette exposition est une célébration. Celle du bicentenaire de la découverte de l’Apollon de Juliobona (nom antique de Lillebonne), la plus grande sculpture romaine en bronze doré du nord de la Loire, mise au jour le 2 juillet 1823, juste en face du musée, dans le théâtre antique. Pour l’occasion, le dieu, haut de 1,94 mètre, revient exceptionnellement sur ses terres puisqu’il est conservé au musée du Louvre depuis le XIXe siècle, alors que les nombreux artefacts issus des fouilles des villas (dont la mosaïque de la chasse au brame), des thermes, de l’aqueduc appartiennent au musée des Antiquités de Rouen. On découvre une Normandie que l’on ignorait romaine. Il s’agit aussi de la célébration de la figure d’Apollon, depuis la naissance du Dieu à Délos jusqu’à sa relecture, dans la culture populaire et l’art contemporain, avec l’évolution de la figure au Moyen Âge, qui s’hybride avec celle du Christ. Le parcours, à la fois thématique et chronologique, relève du défi puisqu’il couvre trois mille ans d’histoire en soixante-dix objets, répartis sur seulement 160 m2. On revient sur la découverte du bronze doré, l’importance de Juliobona comme port antique du Ier au IIIe siècle, les différentes facettes du fils de Zeus et la façon dont ses dimensions oraculaire, religieuse et solaire, que ce soit au travers de monnaies, de vases à figures noires, ou de sculptures, s’effacent pour devenir un symbole de la beauté, une icône célébrée sur l’autel des images pop (Léo Caillard, Laurent Perbos) ou homo-érotiques (Pierre & Gilles). On ne sera pas surpris de le voir dans les arts décoratifs ni en BD (Allison Shaw, Rachel Smythe), mais peut-être plus dans des jeux vidéo (Assassin’s Creed Odyssey). L’exposition, labellisée d’intérêt national, touche à l’essentiel avec efficacité, et invite à poursuivre la connaissance des différents thèmes dans un catalogue accessible pour le grand public.