Figure de l’abstraction lyrique, Huguette Arthur Bertrand peint des œuvres puissantes et vibrantes. En témoigne cette toile de 1956.
Huguette Arthur Bertrand (1920/1922-2005), Huitzuco, 1956, huile sur toile, 115,5 x 89 cm.
Estimation : 10 000/15 000 €
Artiste reconnue et collectionnée de son vivant, Huguette Arthur Bertrand était l’une des rares femmes peintres dans le paysage artistique essentiellement masculin de l’après-guerre. Elle arrive à Paris en 1945 et fréquente l’Académie libre de la Grande Chaumière. Une bourse d’étude, obtenue en 1947, lui permet de se former à Prague, où elle rencontre le peintre Joseph Sima. De retour à Paris, elle plonge avec fougue dans l’effervescence germanopratine, se liant d’amitié avec les artistes, les éditeurs et les critiques de l’art abstrait.
Dès les années 1950, elle pose toute la force de son art et l’assurance de son vocabulaire fait de zébrures qui strient et rythment les compositions, à l’instar de Huitzuco, huile sur toile de 1956 prisée 10 000/15 000 €. « De 1954 à 1958, dans une gamme vivement colorée, des parallèles hachent la forme, apportant des effets de mouvements immobiles et de mouvements tremblés », dira-t-elle de son travail. En 1955, elle reçoit le Prix Fénéon et participe, en 1956, au festival de l’Art d’avant-garde présenté à la Cité Radieuse, à Marseille. Cette même année, la galerie new yorkaise Meltzer lui organise une exposition personnelle saluée par la profession. Proche du critique d’art Michel Ragon qui l’introduit dans son cercle d’amis – Pierre Soulages, Hans Hartung, Zao Wou-ki et Victor Vasarely –, elle se consacre à partir de 1975, et jusqu’en 1984, à une importante série de tapisseries, confectionnées à Aubusson, qu’elle crée sans cartons préparatoires, assistant le lissier presque en permanence. Elle revient à la peinture au tournant des années 1980/1990. Sa gestuelle se fait alors plus libérée, plus apaisée, se résumant en des tracés blancs. Michel Ragon la décrivait ainsi : « Il est des peintres qui ne sont d’aucune mode, parce que leur expression ne repose que sur le dynamisme de leur vie intérieure, leur vie secrète avec ses élans et ses rétractations, ses nuances sombres et une superbe avidité d’être. » Huguette Arthur Bertrand s’est éteinte le 9 février 2005, à 83 ans.