Gazette Drouot logo print

Foujita ou le nu modernisé

Publié le , par Caroline Legrand
Vente le 21 octobre 2023 - 14:00 (CEST) - Hôtel Sofitel, 4 place Saint-Pierre-le-Jeune - 67000 Strasbourg
Cet article vous est offert par la rédaction de la Gazette

Rare dans la peinture de son Japon natal, le nu féminin était l’un des sujets favoris de Léonard Tsuguharu Foujita, qui le développa durant toute sa carrière comme en témoigne celui-ci, à la fois naturel et sensuel.

Tsuguharu Foujita (1886-1968), Femme nue allongée, 1953, dessin sur papier d’Ingres... Foujita ou le nu modernisé
Tsuguharu Foujita (1886-1968), Femme nue allongée, 1953, dessin sur papier d’Ingres encadré sous verre, signé et daté « 6-6-53 », 43,5 63,5 cm.
Estimation : 25 000/30 000 
© FONDATION FOUJITA / ADAGP, PARIS, 2023

Le trait du crayon est visible, les repentirs peu nombreux. C’est avec une grande sobriété que Léonard Foujita, rompu à l’art de la calligraphie et travailleur acharné, a dessiné ce nu féminin. Très peu ou pas de fioriture à noter : simplicité et naturel émanent de cette femme surprise dans sa sieste, allongée sur un lit, le dos relevé par des coussins. Les nus féminins se font rares dans les années 1950 dans l’œuvre du peintre franco-japonais, tandis qu’il en a réalisé un très grand nombre dans les années 1920 et 1930, peu après son arrivée en France, inspiré par ses modèles de l’époque, Kiki et Madeleine. Ceux-là étaient plus stylisés, appartenant pleinement à la manière que mettait alors en place l’artiste, pour une synthèse des arts asiatique et occidental. Foujita pouvait laisser sa peinture se libérer, à l’image du choix de ce thème quasiment absent de la peinture japonaise. Il s’en saisit dès son arrivée en France, avec la volonté de célébrer la beauté féminine et de s’attaquer au traitement du corps humain, mais aussi avec le désir de faire sien ce sujet intemporel. «On me prédisait que je serais le premier peintre du Japon, mais c’était le premier peintre de Paris que je rêvais d’être, il me fallait aller aux sources», disait-il. Ainsi son voyage en Italie en 1921, sa découverte des œuvres de Michel-Ange et d’autres artistes italiens de la Renaissance, lui donnent-ils envie de s’intéresser de plus près à l’anatomie, de travailler ses modelés et le rendu des carnations de la manière la plus légère et raffinée possible. Il est cependant la plupart du temps fidèle aux couleurs sobres, le blanc et le noir dominant le plus souvent. Tout en s’inspirant des grands maîtres de la peinture occidentale, comme encore Rubens ou Titien, Foujita modernisa in fine le genre, y ajoutant comme dans tout son œuvre une dimension mystique et spirituelle.

samedi 21 octobre 2023 - 14:00 (CEST) - Live
Hôtel Sofitel, 4 place Saint-Pierre-le-Jeune - 67000 Strasbourg
Hôtel des Ventes des Notaires
Lire les articles liés à la vente