Son apparition sur le marché français se fait rare. Ainsi, rien de surprenant à ce que ce diptyque à fond rouge – pièce phare de la vente – se soit envolé à 132 400 €, signant un nouveau record hexagonal pour l’artiste (source : Artnet). Fille de l’historien, enseignant et diplomate Shakir Pasha, nièce du grand vizir Cevat Pasha, Fahr-el-Nissa Zeid — née Fahrinnisa Shakir Kabaagaçli — est l’une des premières femmes admises à l’Académie des beaux-arts d’Istanbul en 1919. À Paris en 1928, elle s’inscrit à l’académie Ranson, sise à Montparnasse, où elle étudie sous la direction de Roger Bissière. À son retour à Istanbul deux ans plus tard, elle abandonne l’académisme au profit du modernisme et de l’expressionnisme. La peintre épouse en secondes noces le prince jordanien Zeid Al-Hussein, de la dynastie des Hachémites. Suivant son diplomate de mari, elle s’installe à Londres en 1947 et acquiert parallèlement un atelier parisien, rue de Grenelle. Sa rencontre avec Charles Estienne en 1949, lors de sa première exposition personnelle en France, l’amène à côtoyer nombre d’artistes et à devenir une figure importante de la nouvelle école de Paris. Elle est soutenue par d’éminentes femmes galeristes, telles Colette Allendy ou Dina Vierny, et séduit de nombreux critiques, dont André Breton. Rejoignant son fils à Amman en 1975, Fahr-el-Nissa Zeid y enseignera l’art via l’institut qui porte son nom jusqu’à la fin de ses jours. Son œuvre est un reflet de son histoire, mêlant en une abstraction foisonnante ses influences orientales avec les découvertes et les recherches menées en Occident.